Bruno RéchardInstallée depuis 7 ans au Mans, BM architectes est une agence d’architecture qui développe des solutions préfabriquées à destination du logement individuel, collectif et des équipements. Ce matériau qui concerne déjà plus de 7% du marché de la maison individuelle est aussi de plus en plus présent dans l’habitat collectif. Il est vrai qu’il est esthétique, et que c’est celui que préfèrent les utilisateurs quand il s’agit de créer une sensation de bien-être. Enfin, et c’est peut-être son principal atout, il affiche de grandes aptitudes de stockage de CO2, particulièrement recherchées actuellement. Nous faisons le point avec Stéphane Béranger, gérant fondateur de BM architectes, que nous avions déjà rencontré il y a 4 ans à l’occasion d’un précédent dossier sur l’habitat.
Parlez-nous de cette filière bois qui s’est bien développée en Pays-de-la-Loire ?
Nous sommes entrés il y a 25 ans dans un écosystème constitué d’entreprises, de bureaux d’études, d’architectes, qui ont un projet commun : intégrer le concept de développement durable dans leurs projets de construction. La question c’est «Comment construire mieux en réduisant les impacts environnementaux des constructions sur lesquelles on travaille ?» Notre réponse est la préfabrication hors-site de composants bois, béton, métal dans des ateliers dédiés : c’est plus écologique car on réduit le temps de chantier, les allers retours de camions. C’est aussi un gain de nuisance pour les riverains, et la productivité est fortement accrue. Le choix du bois va de soit car il stocke une grande quantité de CO2, rendant le bilan carbone de nos constructions imbattable. Sans compter la sensation de bien-être car la présence de bois rend nos intérieurs esthétiques et chaleureux, et le bois est un excellement isolant.
Quels sont les différents niveaux de préfabrication ?
Les éléments préfabriqués concernent les poutres et les planchers, ce que nous appelons en 1 dimension. Puis il y a les éléments en 2D comme les composants de cuisines et salles de bain. Et enfin les éléments en 3D que nous réservons plutôt pour les logements collectifs (murs, planchers et réseaux techniques). Notre agence apporte à la fois la maîtrise d’œuvre mais aussi la Recherche & Développement. Nous recherchons des constructions répétitives où on peut assembler des modules en associant les composants reproductibles et adaptables pour prodouire une «architecture située»..
Quels sont les grands principes de ces constructions filière bois ?
Du biosourcé, du «low-tech» et du bon sens. Le concept du «low-tech» promeut l’absence de technologies complexes. Le bon sens tient en 3 mots : orientation, compacité et mode constructif. L’orientation vise à concevoir un logement bioclimatique. Une attention toute particulière sera portée à l’orientation du bâtiment (afin d’exploiter l’énergie solaire et la lumière naturelle), au choix du terrain (climat, topographie, zones de bruit, ressources naturelles…) et à la construction (surfaces vitrées, protections solaires, compacité, matériaux…). Quant à la compacité, cela revient à limiter la surface de déperdition du bâtiment, et donc son besoin de chauffage d’une part, et la quantité de matériaux à mettre en œuvre pour construire son enveloppe d’autre part. Enfin le mode constructif s’attache à réduire les délais et les nuisances de voisinage liées au chantier : préfabrication en 2D ou en 3D hors-site.
Y a-t-il d’autres avantages que le respect de l’environnement ?
Ces bâtiments sont évolutifs et proposent une grande modularité. Avec le système de préfabrication, on peut y apporter une nouvelle cloison ou un nouveau plancher extrêmement rapidement. Les modes de vie évoluent avec l’âge des habitants : télétravail, familles recomposées, accueil des plus âgés… Ces changements de vie nécessitent des logements modulables facilement, ce que permet notre concept de constructions à ossature bois. Quant aux prix, ils vont rapidement descendre en même temps que les volumes de fabrication vont augmenter. Nous avons la chance en Pays-de-la-Loire d’avoir développé cette filière plus vite qu’au national (voir carte ci-contre).
