C’est dans la plaine à proximité du Loir, sur les anciennes frontières des peuples Cénomans, Andes et Turons, que sont édifiés les vestiges romains d’Aubigné Racan, dominés par un promontoire fortifié dit du « Camp de Vaux ». Daté entre les Ier et 4ème siècle de notre ère, il succède à des structures plus anciennes, notamment à une nécropole tumulaire fondée au cours de l’âge du Bronze final (-800) et réaménagée à la fin du premier âge du Fer (-500). Les différentes fouilles menées ont révélé ce complexe conséquent qui s’organise autour de quatre grands monuments et d’une réserve archéologique. S’étendant sur 15 ha, il est la propriété du Département et combine des ressources patrimoniales et environnementales en étant également un des 4 espaces naturels sensibles.
Débutons la visite
Le théâtre est le monument qui offre l’élévation préservée la plus importante. Erigé vers 65, il présente les trois divisions des théâtres gréco-romains : scène, orchestra, cavea.Les arcs demi-circulaires visibles actuellement constituaient les supports en pierre d’une charpente portant des gradins en bois. L’accès s’effectuait par 3 travées (vomitoires) et deux grandes portes latérales aux extrémités du mur de scène. Les parties hautes atteignaient plus de 12 mètres. 3000 spectateurs pouvaient prendre place, se positionnant en fonction de leur niveau social. Les premiers rangs étaient réservés aux personnalités, prêtres, magistrats et grands propriétaires. Une d’elles occupant la petite loge d’honneur : le carré de l’édile. Derrière se plaçaient tous les corps de métier, les militaires, jusqu’aux esclaves, les dernières places étant réservées aux femmes. Les jeux scéniques étaient ponctués de processions et de discours.
De l’autre côté de la route menant du Lude à Vaas
Un marché- forum. À l’ouest du théâtre, une construction de 68 mètres sur 42 est visible. Elle est constituée d’une cour bordée par deux galeries, dont ne subsistent que les fondations. Les murs supportaient, à l’origine, un bâtiment couvert de tuiles. Des petites pièces carrées, à l’extrémité sud, sont vraisemblablement les bureaux où siégeaient les magistrats chargés d’assurer la «paix du marché». Édifiées à la fin du Ier siècle de notre ère, ces «halles» ont été abandonnées deux siècles après. Il s’agissait d’un lieu d’utilité et de prestige où se tenaient de grandes assemblées périodiques accompagnées de foires et de marchés. Le sous-sol renfermait dans les galeries ouest : des céramiques, bijoux perdus, outils pour le travail du cuir et du bois, des poids de balance et styles pour écrire et faire les comptes en gravant sur des tablettes de cire. Les 540 monnaies découvertes montrent bien les activités commerciales qui s’y tenaient. Dans la cour, on a recueilli aussi plus de 13000 valves d’huîtres, fort appréciées.
Le Temple gallo-romain
S’étend un vaste sanctuaire dont la construction est contemporaine à celle du théâtre. Composé d’un temple sur podium, aux dimensions de 27 mètres sur 15 et dont une partie du programme décoratif a pu être retrouvé, son espace sacré était ceint d’un portique. Sa monumentalité, la présence d’un grand escalier de façade incitent à y voir un élément du culte de Rome. Les symboles de l’éternité de l’empire et de leur rôle bienfaiteur, y étaient célébrés. Un autre temple n’a pas été fouillé, ce n’est pas un hasard, il le sera avec de nouvelles méthodes comme les photo-radars, c’est la réserve archéologique.
Les Thermes
Ils étaient les bains publics de l’époque. Le bâtiment dessine un grand rectangle de 35 mètres sur 30. L’entrée se faisait par une porte abritée sous un auvent. La cour dans laquelle on arrivait, la palestre, est bordée sur trois côtés par une galerie couverte. Une vaste salle, au sud, servait de vestiaire. C’est la plus richement décorée de ces établissements car elle est la première pièce dans laquelle se rendaient les baigneurs depuis le vestibule. L’usager débouchait ensuite dans l’aile ouest commençant par l’unctorium où l’on se frottait d’huile, pour finir par un passage dans la piscine froide. Le sol des salles chaudes était supporté par des pilettes de briques sous lesquelles circulait l’air. La fumée était évacuée par des conduits verticaux, les tubuli, inclus dans les murs débouchant sur l’arête du toit. Le sol brûlant nécessitait le port de semelles en bois. Le site était alimenté depuis la source de Chenon, à 2,5 kms au nord, elle constitue le point de captage d’un aqueduc de plus de 4 kms. Un bassin réservoir permettait une distribution sous pression suffisante pour alimenter fontaines et bassins et remplir la grande piscine des thermes en moins de deux heures.
VISITER AUBIGNÉ-RACAN
Ouvert toute l’année. Accès libre facilité par un parcours d’interprétation du site permettant une lecture aisée