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LE MOULIN DE LA BRUÈRE

Découvrons La Bruère, à La Flèche, un beau site naturel, sur le Loir devenu un « lieu carrefour » pour les promenades et les loisirs. La passerelle installée en 2017 a permis de désenclaver le lieu. Il constitue un départ de voies vertes, un carrefour vers La Monnerie, Baugé et Le Lude. Ce qui retient notre attention est le moulin à eau. L’implantation d’un tel ouvrage est très ancienne puisqu’il y avait déjà un barrage et une porte marinière au 11 ème siècle. Au début du 20 ème siècle, on en dénombrait trois. Deux d’entre eux, situés sur une île, sont abandonnés, tandis que le moulin en rive est conservé. L’édification du moulin actuel daterait du 18 ème siècle. En observant l’immense roue de 14 tonnes et de 6 m de diamètre, les visiteurs peuvent comprendre l’ingéniosité des anciens meuniers et leur utilisation astucieuse de l’énergie hydraulique de la rivière.  Il est le dernier témoin de ce qui a été une activité marquante pour la ville et le symbole d’une modernité.

Les fabrications

Les moulins de la Bruère ont connu des productions variées au fil des siècles, s’adaptant à leur époque et aux contraintes économiques. D’abord conçus pour la farine de blé ou de seigle, ils ont ensuite servi à battre le chanvre et le trèfle, à fouler le drap, à scier du bois puis à presser de l’huile. En 1832, un des bâtiments devient une papeterie. On y a aussi broyé de l’écorce à tan, (du chêne) réduit en poudre sous les meules pour la transformation des peaux en cuirs à la tannerie de La Flèche dans les années 1860. Face à la concurrence des minoteries industrielles, son exploitant M. Picault va choisir en 1936 de réaliser des farines pour la nourriture des animaux et… des pains de glace.10 tonnes étaient fabriquées par jour dont la moitié à destination du ferroviaire afin de rafraîchir les machines, trains et ventiler les wagons. Les 5 autres partaient pour les commerces, épiceries. C’était un défilé permanent de carrioles, véhicules pour venir chercher la précieuse  marchandise qui était ensuite stockée en haut d’armoires à glace. Le froid se diffusait, permettant aux aliments de se conserver. Essentiels il y a encore une centaine d’années, les moulins de ce type vont progressivement disparaître  au profit des réfrigérateurs et congélateurs domestiques modernes. Après le départ de son dernier gérant, il est racheté par la Ville en 1994.

Une seconde vie

Son entretien est confié à l’association des Amis du moulin de la Bruère afin d’animer le site et maintenir une activité : la fabrication artisanale et occasionnelle, de la glace comme à l’époque. Une exclusivité hexagonale. Chaque année, les bénévoles lancent trois productions, soit environ 6 tonnes. La glace servant uniquement à refroidir les aliments, les boissons est vendue en pain ou broyée. Les clients actuels sont souvent des particuliers, des organisateurs d’événements en plein air comme les mariages, les comices agricoles ou des campings. Plus rare, un sculpteur sur glace a pris une trentaine de pains.

Comment un moulin peut-il fabriquer de la glace ? 

A la manière d’un congélateur géant. La chute d’eau du barrage  tout proche fait tourner la roue du moulin. Cette force hydraulique permet de transmettre le mouvement aux machines qui fabriquent du froid. Compresseur, condensateur, détendeur, tout est alimenté avec l’électricité créée. L’eau va remplir des moules à glaces. Ceux-ci vont être mis dans une cuve recouverte d’une planche en bois. On va la refroidir progressivement. Au terme d’une à deux journées, la température atteint – 12 °C, température permettant la bonne formation de la glace. Les machines sont arrêtées, les blocs démoulés puis aussitôt entrés dans une chambre froide.

Un projet patrimonial et d’énergie renouvelable

L’ancien propriétaire  avait créé une installation électrique, une dynamo reliée à la roue, pour s’éclairer et se chauffer dans les années trente. L’idée a été reprise en 2020, mais le système a été actualisé et toute l’énergie générée par la roue est envoyée à un multiplicateur puis vers une génératrice plus efficace qu’autrefois. La micro-centrale fonctionne en permanence, produit du courant en direct à la fois pour le moulin, les bâtiments avoisinants et une partie de l’éclairage public de la commune. Le surplus est vendu à EDF. Un atout qui confère une certaine modernité au lieu. 

Bruno Réchard

Bruno Réchard, rédacteur en chef du Petit Sarthois

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