C’est peut-être l’un des plus beaux exemples sarthois de l’action de l’homme en faveur de la Nature. Ou de la femme devrions-nous dire : c’est en effet Cécile Knittel, adjointe au maire de La Ferté-Bernard, qui a fédéré ce beau projet, en partenariat avec Vincent Bironneau, expert en biodiversité et enseignant à la MFR Les Forges. Historiquement le site était une zone de prairies humides, puis l’activité de la carrière avec mise à nu et création d’une étendue d’eau, a attiré un nombre grandissant d’espèces d’oiseaux. L’ENS a ainsi été inauguré en avril 2017, suite à des aménagements soigneusement étudiés, la création d’observatoires pour le grand public et la disposition de palissades de protection pour la faune et la flore
« Au départ, tout le monde a été réuni autour de la table de façon à faire les bons choix » explique Cécile Knittel. Un groupe de travail a réuni l’Union des pêcheurs fertois, la SEPENES, la Maison Familiale Rurale, des ornithologues, et bien entendu les pouvoirs publics. Ce travail d’équipe a permis de fédérer toutes les énergies pour atteindre l’objectif de préserver ce petit paradis de la biodiversité locale. La zone s’étend sur 85 hectares dont 42 hectares en eau, elle abrite une diversité d’espèces sauvages importante, sédentaires ou en migration.
Une réserve ornithologique d’exception
Nous avons affaire à un site ornithologique d’exception avec 284 espèces recensées en cumul depuis 15 ans. Les données sont répertoriées de façon journalière depuis 1998. Elles sont notées sur le site www.faune-maine.fr. On peut observer de nombreuses espèces : des passereaux en migration dans les prairies, des limicoles sur les platières mais aussi des canards en migration. La quiétude de ce site et sa gestion réfléchie sont des atouts majeurs pour maintenir une telle diversité́ ornithologique. Des oiseaux emblématiques comme la Gorge bleue à miroir, un petit passereau qui se pose et repart en migration. « On a aussi des limicoles et des laridés comme des sternes Caujek » précise Vincent Bironneau. Les espèces très présentes sont la mouette rieuse, le goéland leucophée, mais aussi les vanneaux huppés, les bécassines des marais, le héron cendré, le héron garde-bœufs, la cigogne, le cygne, les hiboux des marais, ou de façon plus rare les balbuzards pêcheurs qui passent pour pêcher. La zone est constituée essentiellement de prairies humides ouvertes et d’étendue d’eau, mais en matière écologique l’essentiel réside dans le savant dosage des diversités complémentaires : ainsi trouvons-nous des chênes pédonculés, frênes communs, cormiers (sorbiers domestiques). « Le choix a été fait d’éliminer les espèces exogènes comme le marronnier ou l’érable negundo ». Il y a aussi quelques pommiers et merisiers.
Une grande diversité d’espèces sur une zone concentrée
Les photographes viennent souvent pour les oiseaux, mais ils y trouvent aussi une vingtaine de variétés d’odonates (libellules) sur un total de 65 variétés en Sarthe. Plus de 100 espèces de coléoptères, une trentaine de papillons diurnes et 300 papillons de nuit sur plus de 800 en Sarthe ! Cet inventaire à la Prévert ne s’arrête pas aux oiseaux et aux insectes, il se poursuit avec les amphibiens comme les tritons, crêtés ou ponctués et bien entendu le triton palmé (le plus commun), crapauds et grenouilles, reptiles type couleuvres à collier. Cet éden n’en serait pas un sans la présence des gentils mammifères, dont l’activité se constate essentiellement la nuit, à l’aide d’appareils à déclenchement automatique : blaireaux, martes, fouines – espèces très discrètes et souvent pourchassées à tort – qui trouvent refuge à la zone des Ajeux. On a aussi du chevreuil qui habite sur la zone, des lièvres qui circulent beaucoup la nuit, et évidemment pas mal de lapins.