
Vice-président du Conseil Régional délégué à la formation et à l’emploi, Jean-Luc Catanzaro est avant tout un homme de terrain. En effet, outre ses responsabilités politiques, il est entrepreneur et s’est toujours investi dans la vie associative : il œuvre notamment auprès des plus démunis pour les aider à retrouver des solutions, un toit, un emploi… Ses riches expériences lui permettent de porter un regard de terrain sur la conjoncture actuelle et les difficultés de recrutement persistantes pour les entreprises sarthoises.
Où en est le marché de l’emploi en Sarthhe en cette fin 2024 ?
La Région des pays de la Loire a le taux de chômage le plus bas de France (5,9%) (1) mais aussi le taux d’activité le plus élevé, notamment pour les femmes, les jeunes et les apprentis. Et pour autant, au 1er trimestre 2024 en Sarthe, on compte encore en 42 245 demandeurs d’emploi (7,2% en catégories A, B et C) et 22150 en cat A sans aucun emploi, soit une légère hausse sur un an (+1%). Les recruteurs peinent encore à trouver leurs salariés car 55% des projets de recrutement en Sarthe sont qualifiés de difficiles… De plus, les « non-actifs disponibles » sont souvent plus éloignés de l’emploi et peuvent être confrontés à des freins de types logement, mobilité, garde d’enfants ou manque de qualification….
Quelle politique les pouvoirs publics doivent-il mener pour favoriser le travail ?
Lorsque j’étais petit, j’entendais « tu n’auras rien sans rien » donc des valeurs de travail d’effort et de mérite. Ce qui est essentiel, c’est que le fait de travailler doit être plus rémunérateur que la non-activité. J’entends et écoute les différents points de vue et avis sur ces questions de la part de personnes raisonnables et dans la nuance, j’écoute moins ceux qui sont dans l’excès, la posture, la récup’ ou dans la démagogie avec ces sujets. J’entends aussi les débats sur la bonne répartition de richesse, la redistribution, la fiscalité… Pour autant la réalité, il n’y en a qu’une :
la richesse. Pour la redistribuer, il faut d’abord la créer et c’est par le travail et les entreprises qu’elle se crée. D’autant que notre modèle social et de solidarité repose essentiellement sur le travail.
Comment faire pour mieux rémunérer le travail sans pénaliser les entreprises ?
Il y a des pistes qui dépendent de la politique nationale, comme par exemple la baisse des charges, d’une part pour les salariés pour rapprocher le net du brut, d’autre part pour les entreprises pour favoriser les marges, la compétitivité, les investissements, la montée en gamme, en compétence et donc les rémunérations… Par contre, pour que ce soit possible, il faut dégager des marges de manœuvre et là, on touche à un sujet complexe (pour ne pas dire tabou), la simplification et la baisse ou/et la rationalisation des dépenses publiques. Notre pays croule sous la complexité et ça coute très cher. J’entends parler de 14 à 20 Mds € d’économie par an, la dépense publique c’est en gros 1600 Mds € par an. D’ailleurs, quand j’étais petit, j’entendais aussi dire que l’on ne pouvait pas dépenser plus que ce que l’on gagne. Or l’emprunt nécessaire à boucler les dépenses devient le premier poste de l’État. Ce ne sont pas les dépenses d’investissements qui sont graves, ce sont celles de fonctionnement… Ma conviction, c’est que notre pays et notre région ont de formidables atouts, nous avons besoin de tous, salariés, encadrants, dirigeants, investisseurs et actionnaires.
En Région des Pays de la Loire, nous avons une tradition de bonne collaboration entre tous les acteurs économiques, emploi, formation, ceux de l’état, des collectivités. Il faut la renforcer encore, et surtout faire simple et tenir compte de ceux qui font, et donc de ceux qui savent : le terrain.
Concrètement comment améliorer l’employabilité des 7,2% de chômeurs en Sarthe ?
Depuis le 1er janvier 2024, nous avons avec la présidente retourné l’entonnoir en commençant par les besoins concrets des entreprises, et nous ne validons les budgets formations que s’il y a une intention d’embauche à la clé. Notre nouveau crédo c’est « Un emploi = Une formation ». C’est plus pointu car c’est du quasi sur-mesure, mais cela porte ses fruits. Ainsi sur 590 places de formation terminées depuis début 2024, 519 sorties ont débouché sur un emploi ! Au 31 août, c’est 1744 entrées, 786 employeurs qui s’engagent sur 2458 intentions d’embauche liées à une formation !
Grâce à cette efficacité nous débloquons des financements supplémentaires pour faciliter l’intégration après une embauche d’un DE. Ainsi tout établissement de moins de 300 personnes, qui recrute un demandeur d’emploi en CDI ou CDD de plus de 6 mois, peut bénéficier d’un dispositif de tutorat/formation intra entreprise (Parcours Empli Tutorat), avec à la clé une subvention de 2 000 € à 12 000 €. L’approche continuité du parcours formation avant et après l’embauche d’un demandeur d’emploi devient alors plus pertinente pour l’entreprise, mais aussi pour la personne embauchée qui va bénéficier d’une sorte de
« tuteur parrain » dans l’entreprise, ce qui améliore la réussite de l’intégration. Cette volonté de faire simple et efficace, de partir du terrain et d’agir pour le plein emploi, est la traduction directe de la priorité de Christelle Morançais : l’EMPLOI.
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