Commune de 15 000 habitants, située sur le Loir au coeur du Maine Angevin, La Flèche est connue pour le Prytanée Militaire et le Zoo. Mais à la lecture de ce numéro, vous verrez que la cité dispose de nombreux autres atouts. Dans un contexte national comme international difficile et imprévisible, nous avons rencontré la Maire Madame Nadine Grelet-Certenais. Première femme élue à ce poste et Présidente de la Communauté de Communes du Pays Fléchois, Madame Nadine Grelet-Certenais nous a accordé un entretien.
Votre parcours de femme ?
Je suis originaire de l’Anjou, où j’ai passé mon enfance aux côtés de mes trois sœurs – ce qui a forgé mon caractère et m’a poussé à m’affirmer en tant que femme – et où j’ai fait mes études. Educatrice spécialisée pendant 20 ans, j’ai sillonné le grand Ouest pour travailler auprès de familles en difficulté. Un métier aussi passionnant qu’énergivore, qui m’a donné le goût du travail en équipe, et forgé mon envie de travailler au service de l’autre. Je m’installe à La Flèche, que je connais, en 1998, je commence à militer. Élue sur la liste de Guy-Michel CHAUVEAU qui m’a fait confiance en 2001, je m’investis sur les sujets qui me tiennent à cœur : le social, la jeunesse, la famille… Cet investissement, je le pousse plus loin, en devenant la 1ère adjointe de M. CHAUVEAU, puis Conseillère Générale en binôme avec le maire de Villaines sous Malicorne, conseiller départemental et vice-président de la Communauté de communes du Pays fléchois, M. Laurent HUBERT. En 2017, c’est une nouvelle page qui s’écrit, lorsque je deviens sénatrice, en suppléant M. Jean-Claude BOULARD. Cette expérience au Palais du Luxembourg s’est avérée très riche, en rencontres, en travail de fond, notamment sur les dossiers sociaux puisque je siégeais à la commission des Affaires sociales du Sénat. Trois années d’un mandat passionnant mais, le «terrain» comme l’on dit me manquait. Je suis faite pour un lien étroit, de proximité avec nos concitoyens. J’ai donc été tête de liste d’une très belle équipe pour les municipales de 2020 chez moi, à La Flèche et nous avons convaincu nos concitoyens dès le premier tour des élections, avec presque 70% des suffrages. Le lendemain de ce premier tour, le couperet tombe: nous sommes confinés. Il a fallu gérer la crise, se battre pour garder le marché, mettre en place le centre de consultations avec les professionnels de santé, gérer les écoles… La crise sanitaire, ce lien nécessairement coupé avec les Fléchois pendant plusieurs mois, a été cruel et frustrant… Il faut depuis gérer en jonglant avec la baisse des dotations aux Collectivités, les prix qui flambent en raison du contexte mondial et national fortement tendu et inflationniste… C’est dur, mais quand le bout du monde fait peur, c’est la politique du coin de la rue qui doit rester rassurante. Et c’est pleinement le rôle du maire: être aux côtés de ses concitoyens, se battre au quotidien pour assurer à tous, quel que soit son âge ou sa situation, un cadre de vie agréable, une vraie égalité des chances, un service public de qualité…
Présentez-nous La Flèche
La Flèche est une jolie ville, très dynamique, deuxième ville de la Sarthe et sous-préfecture du département, qui bénéficie d’une situation géographique très favorable entre Le Mans et Angers. Malgré les difficultés, inhérentes à toutes les Collectivités de notre pays, nous avons su maintenir des services publics de proximité de grande qualité mais aussi garder le cap en termes d’attractivité, notamment en nous continuant à nous saisir pleinement du levier que représente le programme «Action Cœur de Ville» et qui nous a permis de donner un nouveau visage au centre-ville. La vie culturelle et associative est un maillon fort et essentiel de la vie locale. Aussi, elle bénéficie d’un soutien conséquent de la Municipalité, en termes d’infrastructures et de subventions, car elle est le garant de la cohésion sociale et de notre bien vivre-ensemble. La Flèche est également très fière de ses patrimoines bâti et naturel: les lacs de la Monnerie où le théâtre de la Halle-au-Blé pour ne citer que ces exemples, sont de véritables bijoux que beaucoup, à raison, nous envient! La preuve en est: nous gagnons chaque année quelques habitants supplémentaires, qui succombent au charme de la Ville et je m’en réjouis…
Comment caractériser l’économie locale ?
La Flèche et le Pays fléchois sont une opportunité aux portes des grandes villes de l’Ouest pour s’installer dans un environnement à taille humaine et préservé avec les atouts d’un bassin dynamique et touristique de 85 000 personnes. Nous avons la chance d’héberger sur notre territoire de très belles entreprises qui concourent à la notoriété de la ville : je pense au zoo bien sûr et à ses 400 000 visiteurs chaque année, mais aussi aux laboratoires Mérieux Nutrisciences, à l’imprimerie Brodard et Taupin, à Trivium, Lacmé, Hannecard, au Prytanée national militaire à l’émergence d’un petit pôle du luxe avec Noras, Louis Marie Vincent, Arkal et la Confection fléchoise… Nous sommes également très fiers de nos commerces locaux et de nos deux beaux marchés hebdomadaires…
Et pour la partie associative ?
La Flèche a toujours été une ville où l’on a cultivé les solidarités et le vivre-ensemble. Derrière chaque Fléchois, se cache un bénévole ! C’est pourquoi, malgré les difficultés, nous avons toujours tenu à favoriser et à maintenir des budgets. Nous finançons la culture, le sport et les solidarités : en tant de crise, ce ne sont pas des budgets superflus. Tout ce qui nous rassemble, qui nous préserve d’un repli sur soi, est cela de pris sur la morosité et les difficultés ambiantes…
Quelques mots sur le social, c’est une dimension qui vous caractérise…
Ce champ du « social » est très vaste. En termes de logements par exemple, nous menons une politique d’offres très diversifiées et nous sommes au-dessus des seuils obligatoires et de beaux programmes, sur Latouche ou à Champ Baudry sortiront prochainement de terre… En matière d’accompagnement, nous soutenons bien sûr les plus fragiles, à travers les politiques menées sous l’impulsion du CCAS et en nous appuyant sur des associations locales très mobilisées. Parallèlement à tous les dispositifs mis en place pour les séniors, nous sommes aussi très allants sur les politiques publiques favorisant l’épanouissement à tous les âges et particulièrement de notre jeunesse, avec des politiques tarifaires toujours très abordables pour les activités, scolaires ou non.
Avez-vous une partie agricole ?
Avant d’être une « ville centre », La Flèche est une commune rurale. L’agriculture est un secteur économique qui a certes peu de poids localement, mais qui reste très important pour les Fléchois et nous avons de bons producteurs locaux, qui alimentent notamment notre restauration scolaire qui nous vaut le Label Bio. Impossible de ne pas parler « nature » quand on parle agriculture : nous avons toujours été en pointe sur les politiques de développement durable et de préservation de la biodiversité, de nos ressources en eau, de notre patrimoine naturel en maîtrisant notre foncier. Le Lac des Oiseaux, les Marais de Cré par exemple… sont quelques-unes de nos fiertés.
En ce qui concerne les travaux ?
Les plus « gros » chantiers ont concerné nos réseaux d’eaux et d’assainissement, que ce soit sur le giratoire des Médaillés militaires ou promenade Foch : ces réfections, très coûteuses, sont des investissements peu « sexy » et qui génèrent des perturbations sur la circulation, mais qui sont indispensables pour l’avenir et la sécurité sanitaire, au regard de la vétusté de nos réseaux. Comme toutes les Collectivités, nous avons dû restructurer nos projets : le plus important concerne la promenade de Port Luneau, qui sera ouverte aux Fléchois dès cet été. Notre volonté est d’offrir un nouveau visage au centre-ville, en transformant cet ancien parking vétuste et qui menaçait la sécurité des Fléchois pour en faire un nouvel espace public, végétalisé et apaisé.
Quel regard portez vous sur l’évolution de la politique, quels constats ?
Sans faire de politique politicienne, ce qui m’inquiète ce sont les marges de manœuvres et de décision qui se réduisent à peau de chagrin année après année pour les élus locaux. Jamais nous n’avons connu une telle instabilité et jamais nous n’avons été autant enserrés entre des dépenses quasi obligatoires, des charges nouvelles et des dotations de l’Etat en baisse. Les collectivités ne sont pas responsables d’un déficite public creusé par les choix politiques faits ces dernières années. Elles n’ont pas à payer le prix des pots qu’elles n’ont pas cassé, alors qu’elles assurent 70% de la commande publique, que contrairement à l’Etat leurs budgets doivent être équilibrés et qu’elles assurent les services publics dont nos concitoyens ont besoin au quotidien.
Prochaine échéance 2026, les municipales ? Allez vous vous représenter ?
Les municipales, ce n’est pas un engagement à la légère : ce sont 6 années à travailler, en équipe, pour les Fléchois. Je me laisse le temps de la réflexion et je saurai prendre mes responsabilités en temps voulu.
Propos reccueillis par M. Foreau