Nous l’avions interviewé pour le 1er numéro du Petit Sarthois (février 2019), auréolé d’une médaille d’argent aux Jeux Paralympiques de Londres. Toujours à fond à 46 ans, cet athlète a vécu pleinement les Jeux à la maison, parvenant en demi-finale en double avec son alter égo Stéphane Houdet dans le temple de Roland Garros. Il nous a fait l’amitié de se prêter au jeu de la rencontre avec les élèves de l’école élémentaire de Gazonfier, avec toujours autant d’énergie et de bienveillance.

Portrait d’un champion qui ne lâche jamais rien
Ses yeux bleu azur sont remplis de souvenirs de voyages, de rencontres, de défis…. Cet habitant de Changé possède un des plus beaux palmarès du handisport français (6 titres de champion du monde). Né à Salé au Maroc où son père était professeur de géologie à Rabat, il démarre le tennis à 5 ans et progresse rapidement. Il échange des balles avec Younès El Ainaoui, ex 22ème joueur mondial et meilleur tennisman marocain de l’histoire. Il arrive en Sarthe à 11 ans en 1988, car son père est nommé à l’université du Maine. Puis c’est l’accident de moto à 23 ans en 2002, et la privation de ses jambes alors qu’il est classé 15. Il faut alors réapprendre à se déplacer, à travailler les coups qui sont totalement différents.
« Avant mon accident, je faisais mon revers à deux mains. En fauteuil, c’est tout simplement impossible. Il faut donc réinventer une gestuelle corporelle pour réussir à appréhender techniquement ces nouveaux coups. » Classé 21ème mondial, il a vécu cet été ses 4ème Jeux Paralympiques, passant à un jeu de la médaille de bronze en demi-finale contre 2 espagnols.
Le jeu des questions / réponses des élèves de CM1 – CM2 de Gazonfier Le Mans
Cela commence par les questions techniques sur les difficultés à se mouvoir en fauteuil sur le cours.
« Pourquoi les roues sont inclinées, à quoi sert la 3ème petite roue à l’arrière, pourquoi les athlètes tournent après chaque frappe ? » Frédéric, en fin pédagogue, stimule les échanges en renvoyant les questions à nos jeunes journalistes. Les doigts se lèvent, les réponses fusent, Frédéric finit par expliquer précisément les finesses de son sport. Puis vient LA question sur la gestion de la pression. Alors Frédéric raconte ces folles journées passées sur un central de Roland Garros archi-comble. La pression ? Oui bien entendu quand on sait que l’affluence habituelle pour un beau match de tennis fauteuil tourne à quelques dizaines… « Yannick Noah mon coach en équipe de France m’a dit de me concentrer sur mon jeu, et que tout allait bien se passer, que j’allais Kifer. » Effectivement, Frédéric remporte son 1er match en simple contre Maarten ter Hofte, un jeune hollandais encore plus stressé que lui… Le Français peut compter sur l’appui de tout un stade scandant les « Frédéric !
Frédéric ! Frédéric ! » qui circulent dans les tribunes. « J’appréhendais un peu au début parce qu’on ne sait pas trop comment ça va se passer. C’est un peu le trac de l’artiste, mais une fois qu’on est sur le court, c’est fini et on se prend au jeu, on est avec le public, ils sont là pour nous soutenir et nous encourager. C’est magique ! » Frédéric perdra ensuite au 2nd tour contre Gustavo Fernandez, double vainqueur de Roland Garros. Ensuite les élèves ont été curieux de mieux comprendre son quotidien : comment parvient-il à conduire, à attraper des objets en hauteur, etc … La séance d’une bonne heure s’est terminée par des photos et une joie partagée d’avoir vécu ce moment sympa.