chateau-montmirail-sarthe
Journée découverte du métier de maroquinier

Château de Montmirail, quand le passé a de l’avenir…

Cela pourrait être le début d’un conte. La rencontre entre un château du haut Moyen-Âge et un avocat passionné d’Histoire. La romance débute fin 2015 quand Philippe Herbelin rachète le château qui a émerveillé son enfance. Enfant, il passait l’essentiel de ses week-ends et de ses vacances à quelques lieus, dans le village voisin de Saint-Maixent. Mais le coup de cœur présente une équation que l’avocat en droit des affaires va devoir résoudre : équilibrer économiquement le projet sur le long terme. Au coin du feu, en toute simplicité, Philippe nous explique comment le passé glorieux de ce monument exceptionnel augure d’un avenir prometteur, pour le bien de tout un écosystème local qui ne demande qu’à resplendir de nouveau.

Château de Montmirail

Acheter un tel édifice apparait au premier abord comme un coup de folie…

« J’ai fait cette bêtise, je suis bien incapable de vous dire pourquoi…. C’était une période de ma vie où peut-être cela avait du sens… Je perdais les liens avec ma région… pris par le travail… C’était peut-être un moyen pour retrouver une madeleine de mon enfance… Et puis j’aime les belles choses, j’aime l’Histoire… Ce château je l’ai toujours connu, même avant la construction de l’autoroute. On le voyait de très loin sur la route de Brou, cela m’avait marqué étant petit. Et puis ma femme m’a soutenu dans la démarche, ce qui a été essentiel pour moi. »

Présentez-nous le château de votre enfance…

« Ce lieu est très particulier…. Montmirail s’est fait à la fois par les armes et par les femmes !

Au départ c’est un site qui était sur la voie Romaine et qui reliait Paris au Mans. Ce sont des terres qui ont appartenu à Clovis, puis à l’évêque de Chartres – Thomas Beckett- qui avait des soucis avec les Normands (11ème siècle). Il a demandé à cinq chevaliers de venir bouter les Normands hors de ses terres. Et parmi les chevaliers figurait Guillaume Gouët. Pour les remercier, il va attribuer à chacun des terres, dont Guillaume Gouët le château de Montmirail. Puis ce dernier va rassembler les 5 baronnies, d’une surface colossale. Son petit-fils, apparenté à la couronne de France et à la couronne d’Angleterre, va organiser ici à Montmirail une rencontre entre le Roi de France et le Roi d’Angleterre et l’archevêque de Canterbury pour une tentative de réconciliation (1169). Malheureusement, l’archevêque va être tué dans sa cathédrale par des sbires du Roi d’Angleterre et la tentative va échouer….

Ensuite les Anglais vont prendre le château de Montmirail par Richard Cœur de Lion, et raser le château. Il est reconstruit puis re détruit entièrement cette fois-ci par le Roi de France à la fin de la Guerre de cent ans (1337-1453). Enfin il est reconstruit à la fin du 15ème siècle dans sa configuration actuelle.

Fin 17ème le château devient la propriété du Prince de Conti, qui se marie avec la fille légitimée de Louis XIV et de Louise de La Vallière : la princesse de Conti. Le prince meurt jeune et la comtesse transforme l’édifice en château de plaisance.

La princesse va rapidement s’en débarrasser en le vendant au Marquis de Neuilly. Sa femme va le transformer, puis le transmettre de femme en femme jusqu’au dernier propriétaire à qui j’ai racheté le château. »

Quels sont les atouts du château et comment équilibrer les comptes ?

« Ce qui est impressionnant c’est la vue à 360* qui permet de voir à 60 kilomètres. Le site se prête à énormément de choses : visites guidées, salon de thé, boutique avec des objets artisanaux de la région, mariages, séminaires, événements comme les journées Européennes des métiers d’Art…. Le projet repose sur 4 jambes : visites touristiques, chambres d’hôtes, séminaires et mariages. Le but est de ne pas perdre d’argent…. Nous avons un jardinier, une gardienne, une animatrice, ainsi que du personnel à temps partiel pour les événements. Nous organisons des concerts dans le grand salon de la comtesse de Conti, des expositions de peinture, sculptures…. Nous avons accompagné un artisan taillandier d’armes (Pascal Turpin) qui a créé un couteau : le Montmirail. Il est basé sur Montmirail et a développé une réplique des couteaux du 13eme 14eme siècle. Le manche est taillé dans les anciennes poutres du château. »

Par quoi avez-vous commencé en 2016 ?

« D’abord il faut souligner que la famille Fayet avait très bien entretenu le château. Nous avons transformé les écuries en créant un salon de thé, une salle de séminaire surplombant le jardin et une boutique. Le château est ouvert au public d’avril à septembre, nous avons d’ailleurs eu 4 000 visiteurs l’an dernier en dépit de la crise sanitaire, égalant la fréquentation de 2019. Et cela dynamise le commerce local : un boucher s’est réinstallé à Montmirail. Une activité de reliure de livres anciens est arrivée récemment. Le restaurant de la place de Montmirail va repartir avec l’aide de la mairie.

Le Conseil Départemental nous a aussi beaucoup aidé pour faciliter les autorisations, ou bien en installant un panneau sur l’autoroute. Si on a le soutien des collectivités, tout va beaucoup plus vite, et le privé en a besoin. »

www.chateaudemontmirail.com / contact@chateaudemontmirail.com

Bruno Réchard

Bruno Réchard, rédacteur en chef du Petit Sarthois

Journée découverte du métier de maroquinier

Nous suivre

Vous aimez la Sarthe ? Alors vous aimez le Petit Sarthois… Suivez-nous ;-)

PUBLICITÉ