Journée découverte du métier de maroquinier

LE MANOIR DE VERDIGNÉ : RESTAURÉ PAR 2 AGRICULTEURS 

Ils cherchaient à agrandir leur superficie de culture située à Avesnes-en-Saonois au nord du Mans, mais un manoir en ruines se trouvaient sur les terres agricoles. C’est donc en 1997 que Philippe et Charles Gagnot acquièrent le manoir, sans vraiment se douter de l’ampleur de ce qui les attend. Ils avaient grandi dans la ferme familiale à 2 kilomètres du site historique, qui avait connu son âge d’or aux XVIe et XVIIe siècle, du temps de la célèbre famille Bouju, notables au Mans. Nous avons rencontré ces 2 agriculteurs à la retraite, 2 personnalités modestes et géniales qui vouent leur vie à restaurer dans les règles cette pépite architecturale au passé des plus intéressants.

Une Histoire qui révèle un riche passé

Le manoir est construit vers la fin du XVIe siècle sur commandite de Thibault Bouju, notable au Mans. Selon le service d’inventaire général des monuments historiques, la demeure a été érigée entre 1560 et 1581. Les terres de Verdigné, implantées dans la paroisse d’Avesnes, relèvent alors de la châtellenie de Peray. Ce manoir a été édifié selon les principes élaborés par l’architecte Philibert de l’Orme, architecte de François 1er d’Henri II. Le corps de logis est flanqué de

 « pavillons de plan bastionnés ». Les structures constituant le logement sont précédées d’une cour intérieure entourée de trois bâtiments. Bien que l’ensemble de ses bâtiments puisse s’apparenter à une demeure de « plaisance », l’enceinte du manoir, aménagée de 4 pavillons sur chacun de ses angles, relève d’une muraille fortifiée qui était cernée de douves. Ces pavillons disposent d’ouverture destinés à la sortie de bouches à feu (canon, pièce d’artillerie). L’ensemble, délimité par d’imposants fossés latéraux, confirme que le manoir était à l’origine destiné à servir de 

« place forte », conséquence des guerres de religion de l’époque (voir encadré ci-après).

La famille de Milleville de Saint Aignan cède le manoir à Philippe et Charles en 1997

Intéressés par les terres pour développer leur exploitation agricole, Philippe et Charles Gagnot acquièrent les terres en 1997. La DRAC1 leur demande alors de formuler une demande d’inscription aux Monuments Historiques, validée par arrêté du 23 décembre 1997. « Cette inscription aux MH nous a permis d’être subventionné pour les travaux à hauteur de 40%, dont 15% pour l’État, 15% la Région et 10% le Département. Les aides sont complétées par la Fondation du patrimoine, et des associations » explique Philippe Gagnot qui est un vrai passionné d’Histoire. Il nous guide pour cette visite privée, et l’on comprend l’ampleur de la tâche, de surcroit avec la contrainte de respecter les techniques de l’époque. « Les charpentes sont constituées d’éléments de 80 cm reliés par des chevilles, un travail remarquable et inventif que des charpentiers viennent étudier » précise Philippe. Nous arrivons dans une galerie voutée telle un tunnel de 30 mètres de longueur, perchée à 5 mètres de hauteur… « Certains textes confirment que l’on jouait au jeu de paume à Verdigné » commente Philippe ; « mais la hauteur sous la voute et la largeur de la galerie viennent un peu infirmer cette idée, à moins que le sol se situait à l’époque quelques mètres plus bas, mystère… ».

Un travail de titan sur plusieurs décennies

Charles nous rejoint pour la photo et l’on perçoit leur passion commune : « Nous travaillons pour la France ! »  plaisante Charles. « J’aime à me dire qu’un jour il sera entièrement restauré et que le public prendra plaisir à se remettre dans l’ambiance de l’époque ». Au cours de la visite, nous avons été charmés par la beauté des cheminées comme celle à 4 colonnes, fierté de Philippe. « C’est une copie de celle réalisée dans le château de Jehan du Bellay situé à St Maur les fossés dessinée dans le livre d’architecture de Philibert de Lorme. Il faut dire qu’à l’époque les cheminées étaient des endroits stratégiques pour affronter la rudesse des hivers : on le constate elles sont grandes et devaient chauffer à plusieurs mètres à la ronde. « Pour les journées du patrimoine, nous ouvrons le manoir à la visite, l’an dernier 300 personnes avaient pu constater notre travail, c’est toujours un plaisir de communiquer notre passion. » Le manoir peut aussi être visité sur réservation. A terme Philippe et Charles y organiseront des événements. 

1 DRAC : Direction Régionale des Affaires Culturelles

Manoir de Verdigné,  

Avesnes-en-saosnois 

06 42 14 45 22 

philippegagnot@orange.fr

Thibault Bouju (1532-1580)

Notable au Mans et très actif dans les guerres de religion, Thibault Bouju fait construire le manoir de Verdigné comme une place forte, avec de larges douves et un pont-levis. Converti protestant en 1554, il participe à la rébellion calviniste au Mans. Il pille la cathédrale Saint-Julien en 1562, puis est condamné à la pendaison, avant d’être gracié par le roi. Il meurt fin 1580 à la fin de la construction du manoir de Verdigné.

Bruno Réchard

Bruno Réchard, rédacteur en chef du Petit Sarthois

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