Ancien charpentier, le Manceau Jean-Luc Bacle est un homme heureux. Amoureux des percherons depuis l’enfance, il a pu allier passion et travail. Depuis 1998, il travaille à l’Arche de la Nature au Mans où il s’occupe des percherons. Le président du syndicat sarthois percheron est aussi lui-même un éleveur de ces chevaux originaires du Perche ornais et eurélien.
Qu’est ce que le syndicat sarthois percheron ?
C’est une association d’éleveurs de percherons. J’en suis le président depuis 4 ans. Nous organisons des concours de modèles et allures de percherons, des manifestations. Nous répondons aussi aux questions des éleveurs.
Y a-t-il beaucoup de chevaux percherons en Sarthe ?
Oui, on en compte environ 200 en Sarthe. Contrairement à ce que l’on peut croire et même si le berceau de la race est dans le Perche ornais et eurélien, c’est en Mayenne et en Sarthe que l’on recense le plus de percherons. Dans l’Orne, il y avait autrefois de grands élevages, mais ils ont pour la plupart disparu. Sans doute qu’il n’y avait pas la relève. Et puis il y a eu des années difficiles où l’élevage des percherons n’était pas très lucratif. Seuls sont restés les éleveurs passionnés.
Quelles sont les utilisations du percheron ?
Beaucoup sont élevés pour la reproduction ou pour les loisirs (attelage, percherons montés). Certains sont aussi utilisés pour le débardage. D’autres sont vendus pour la viande : le Japon achète des chevaux de boucherie. Pour eux, c’est comme le caviar. Cela a permis d’augmenter le prix de vente des percherons et de soutenir la filière.
Et vous comment vous est venue cette passion ?
Mon père était étalonnier. Il allait de ferme en ferme pour saillir les juments. J’ai pris le virus. J’ai toujours eu des percherons pour la reproduction et pour l’attelage. J’ai passé le virus à mon fils qui fait des concours d’attelage. C’est une passion qui se transmet de génération en génération. Actuellement, j’ai 30 percherons. Cette année, j’ai eu 8 poulains et mes juments en attendent 13 pour l’année prochaine.
Comment cette passion est-elle devenue votre métier ?
Mon vrai métier, c’est charpentier, un métier que j’ai exercé jusqu’à l’âge de 35 ans. Mais j’ai eu la chance, après avoir fait des démonstrations de débardage à l’Arche de la Nature, d’être embauché pour m’occuper des percherons. Et ma passion est devenue mon métier : tout le monde n’a pas ce bonheur là. Maintenant je travaille tout le temps dans les chevaux, à l’Arche de la Nature et le soir, à Champagné où sont mes chevaux.
Et le Carrousel sarthois percheron, c’est quoi ?
Au sein du syndicat, nous avons créé ce groupe pour présenter des spectacles de percherons lors de fêtes. : carrousel, monte en amazone, reprise en duo. On montre ainsi que les percherons peuvent aussi être montés et utilisés pour les loisirs. Cette année, nous n’avons pas présenté de Carrousel lors des 4-Jours du Mans. C’est généralement un spectacle qui plait. Mon fils et les fils et filles d’amis y participent en tant que cavaliers. Ils s’entraînent ici à Champagné.
Et sinon vous organisez des concours de modèles et allures ?
Ces concours permettent de juger les chevaux. On note la tête et l’encolure, le corps, les membres, les allures et l’impression d’ensemble.
Quelles sont les qualités du percheron ?
Ce sont des chevaux calmes, faciles à dresser, sympas. Ils sont gentils. En revanche, ce sont des chevaux lourds de 800 kg à 1 tonne 200. Ils font de 1m 65 à 1m 80 en général, mais on en trouve de plus hauts. Ils ont de bons gènes.
Et la reproduction, cela demande beaucoup de travail ?
Si on les aime, on ne compte pas ses heures. On les surveille. Moi, quand mes poulinières sont prêtes à mettre bas, je couche avec elles, sur place. Je les rentre à l’écurie. En revanche, elles poulinent dehors car c’est moins dangereux pour les mères. Dans l’écurie, elles peuvent glisser quand elles cherchent à se relever.
Le mot de la fin ?
C’est du travail, c’est vrai, mais c’est aussi du plaisir.
Catherine GILOT
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