Journée découverte du métier de maroquinier

ALAIN PASCALOU, LE DRUIDE SARTHOIS

Il représente exactement les valeurs du MUC 72 de l’époque. D’abord nommé Entraineur Adjoint de Thierry Froger en 1995, puis Directeur Technique en 2004, Alain Pascalou est l’un des grands artisans de cette grande ascension qu’a connu le MUC 72. Cet homme modeste et génial est natif de Chenu dans le sud-Sarthe, il a grandi proche de la terre et des champs de course de chevaux, aimant à rappeler qu’il y a des similitudes entre les deux environnements. Notre « Guy Roux sarthois » a vu passer de nombreux joueurs talentueux sur le rectangle vert de Bollée. Entretien avec un « Sage » pédagogue qui place l’aspect humain avant toute chose, et porte un regard lucide sur cette période bénie du sport sarthois.

Racontez-nous d’abord votre enfance ?

Je suis né à Chenu en Sarthe en 1952. Nous n’avions pas la chance d’avoir de club de football et mes parents passaient tout leur temps à la boucherie familiale. Mais je jouais au foot à chaque récré, et ma mère Viviane avait ressenti ma passion naissante, elle avait obtenu une participation à un stage à La Flèche avec les meilleurs cadets de la Sarthe (U15). Comme j’avais été élu meilleur joueur du stage, l’entraineur de l’USM m’avait alors repéré (René Dereuddre), puis recruté à 16 ans. Un an après j’étais déjà en équipe première ! et retenu en équipe de France Juniors. Je jouais ailier droit avec un gros potentiel athlétique. J’ai fait la connaissance de Christian Lopez, Bernard Lacombe, Dominique Cuperly…. Moi qui sortais de ma campagne c’était comme un rêve, aujourd’hui ce parcours serait impossible…

L’USM c’était le gros club de l’époque ?

Oui le club évoluait déjà en D2 dans les années 70. Ainsi en 1971 nous étions arrivés en quart de finale de Coupe de France contre le FC Nantes, match joué à Léon Bollée devant 15 000 personnes ! En parallèle de ma vie de joueur, j’avais passé mon diplôme de prof d’EPS à l’UREPS de Rennes, puis nommé prof de sport à Pontoise en Région Parisienne. Je faisais le trajet tous les week-ends pour continuer à jouer à l’USM, sans entrainements la semaine et cela a duré plusieurs années… Avec ma femme Joëlle nous nous sommes installés à Saint-Leu la Forêt, nous y avons eu notre fille Marion, et c’est tout naturellement que je suis devenu entraineur joueur du club local, puis entraineur. En 10 ans j’ai fait passer l’équipe première de DSR à National, avec une aventure extraordinaire. J’étais dur avec les joueurs sur le rectangle vert, mais très humain en dehors. Au bout de 15 années, et après une montée en D2 ratée d’un rien, le club a eu un trou et le président a souhaité mon départ car j’étais toujours prof d’EPS… Les joueurs se sont groupés pour me défendre et sur le terrain ils ont pris quelques rouges à ce moment-là…. Aimé Jacquet m’avait réconforté « Sois fier de toi, les joueurs t’ont défendu » m’avait-il dit. Le Président a reculé mais le ressort était quand même cassé.

Et en 1995 c’est votre retour dans la Sarthe….

Oui le club était devenu le MUC 72 sous la houlette des dirigeants Merdrignac et Tessier, et ils me voulaient comme entraineur adjoint de Thierry Froger, jeune entraineur sans diplôme à l’époque. Je connaissais le club, j’avais le diplôme et l’expérience. Et je souhaitais rester dans l’ombre, voir le long terme pour privilégier ma vie de famille. Le contrat de 7 ans proposé était exceptionnel à l’époque. L’un de mes premiers chantiers a été de proposer à la nouvelle équipe dirigeante (Noël Peyramayou) une refonte de l’école de foot, qui avait gardé le nom USM en entente avec le SOM. J’étais persuadé de la nécessité pour les jeunes licenciés de s’identifier à nos joueurs pros, et là c’était impossible en défendant des couleurs différentes que les « sang et or ». Ils m’ont écouté et la mayonnaise est montée ensuite très vite. Second chantier sur la préformation : faire venir des jeunes de la région parisienne, pour palier la dureté de la bascule de U15 vers les U17 et U19. On gagnait tout jusqu’aux U15, puis cela devenait difficile en Jeunes Nationaux ou avec la réserve en D4. Et pour ce chantier j’avais gardé mes relations à Saint-Leu la Forêt…

Et là vous dénichez quelques pépites…

Quelques-unes oui… lol… Didier Drogba qui reste ma plus belle trouvaille. Un joueur hors-normes qui adorait viscéralement le foot. Il s’entrainait à fond mais sur des séquences courtes. Par exemple il ne parvenait pas à courir un footing plus d’une demi-heure ! On l’a fait progresser notamment sur l’hygiène de vie. Il est resté chez nous 3 saisons, et formait avec Daniel Cousin un duo d’attaquant déjà redoutables en D2. Il est arrivé à 17 ans et reparti à 20 ans pour Guingamp pour 1 million de francs (150 000 € environ), avec la fameuse clause de rétrocession de commissions sur les transferts ultérieurs. En parallèle nous avions vendu Olivier Tommert pour 12 millions de francs (1,8 millions d’euros). Et cette année-là avec eux on avait fini 4ème de Ligue 2. On était en juin 2002, on avait un peu d’argent et avec la direction du club on s’était dit qu’on avait un beau coup à jouer. Une belle génération de jeunes avec Bonnart, Thomas, Pelé, Hautcoeur, Fanchone, Cousin, Drouin… il nous manquait juste deux ou trois anciens ayant de l’expérience en Ligue 1 pour encadrer nos minots. On a rencontré Laurent Peyrelade, un sacré joueur qui avait évoluer au FC Nantes, et son compère Philippe Celdran qui jouait à Sedan en Ligue 1. Tous les deux arrivaient à la trentaine et ont su s’intégrer au groupe de jeunes, les encadrer. Ils avaient un super état d’esprit, qu’est-ce qu’on a pu rigoler avec eux ! Une fois ils m’avaient offert un vélo après un entrainement en me disant « Comme ça tu vas pouvoir continuer à nous suivre au footing » Lol… quelle rigolade ! Mais dès qu’ils rentraient sur le terrain, ils redevenaient de grands professionnels. Donc avec le président on les avait recrutés et la recette a marché puisqu’on a fini 2ème à la fin de la saison 2002-2003, et c’était la 1ère montée en ligue 1. Quel souvenir ! La fête au Mans… la joie… Inoubliable !

Vient ensuite la période de gloire lors de la seconde montée ?

Oui mais avant il y a eu la descente car nous n’étions alors pas prêts à jouer en Ligue 1. Le club a continué à se structurer, Frédéric Hantz est arrivé, avec ses idées novatrices et son énergie. Nous avons continué à conjuguer la qualité de la formation à la Mancelle, avec de bons recrutements de joueurs de niveau international. Ainsi nous avions de bonnes relations avec l’académie de JM Guillou, qui détectait de jeunes footballeurs africains. Grâce au bon travail de Daniel Jeandupeux, nous avons détecté les jeunes joueurs ivoiriens Koffi Romaric et Gervinho, qui évoluaient à Beveren en Belgique. Romaric avait un drôle de look avec ses chaussures rouges, ses cheveux jaunes et son embonpoint…. Mais quelle patte gauche ! Quant à Gervinho, il jouait dans l’axe avec le club belge, mais moi je le voyais plus ailier droit. L’avenir nous a donné raison quand on sait la carrière qu’il a fait ensuite en attaquant droit (LOSC, Arsenal, AS Rome). Et donc la fameuse saison 2008-2009 nous finissons 9ème du Championnat de Ligue 1.

Une grande équipe cette saison-là ?

Oui j’avais croisé Guy Roux à la fin d’un match qui m’avait dit « Vous avez une équipe pour jouer la Coupe d’Europe ». Nous finissons à 5 points d’une qualif’ en coupe d’Europe, Rudi Garcia avait peut-être déjà un peu l’esprit ailleurs en fin de saison car il allait signer au LOSC. Dommage car quelle équipe ! Et quelle ambiance à Bollée ! L’important à l’époque c’était le sérieux de l’ensemble du club, à chaque étape. Autre anecdote importante : la victoire en Gambardella en 2004. On retient souvent les grands noms arrivés au club en seniors, comme Graffite ou Tulio de Melo, mais la réussite d’un club passe aussi et surtout par sa qualité dans la formation des jeunes. Arnaud Cormier, alors entraineur des U18, avait su mener à la victoire un groupe de jeunes prometteurs : Pinault, Choplin, Coutadeur, Baal, Samassa, Douillard, Yenga, N’Dzomo, Ferrand…. Cette dimension de la formation, savant mélange de joueurs locaux et de jeunes recrues extérieures, elle avait été initiée par les 2 dirigeants qui m’avaient fait confiance au départ en 1995 : Mrs Merdrignac et Tessier. Puis poursuivie par Marc Westerloppe, Philippe Ferrand, sans oublier Yves Bertucci et tous les autres. Je ne les en remercierai jamais assez.  


Le joueur de votre enfance : Georges Beretta (AS Saint-Etienne)
Le match de votre enfance : Le Real Madrid à la Télé
Le joueur actuel : Kylian M’Bappé
Un entraineur du passé : Coco Suaudeau (FC Nantes)
Un entraineur actuel : Jurgen Klopp (Liverpool)
Un président du passé : Jean-Michel Aulas (Olympique Lyonnais)
Une année au MUC 72 : première montée
Un match marquant du MUC 72 : Le Mans – Lens 4-5
Le joueur de l’Histoire du MUC 72 : Marco Basa

Bruno Réchard

Bruno Réchard, rédacteur en chef du Petit Sarthois

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