L’Histoire de Frédéric Hantz avec Le Mans est un véritable conte de fées. Ce Ruthénois (Rodez) de 39 ans avait posé ses valises au Mans en décembre 2004. Le club manceau était alors 9e de Ligue 2. Progressivement, l’équipe s’élève vers le haut de tableau et réussit sa 2ème montée en L1 en 2 ans, un niveau que Frédéric Hantz découvre car il n’était pas encore entraineur professionnel ! Ancien joueur de haut niveau (Nice, Metz…), il était devenu entraîneur en 1998. D’abord avec Rodez, puis avec l’équipe de Brive en amateur de 2002 à 2004. Avec ce club, il avait tout de même atteint les quarts de finale de la Coupe de France. Il avait traversé ensuite une période de chômage et décidé de suivre une formation pour pouvoir entraîner dans un club pro. La suite il nous la raconte, sans nostalgie, juste pour le plaisir de se rappeler cet âge d’or du club entre 2005 et 2007.
Comment s’est faite votre arrivée ?
Suite à notre beau parcours en Coupe de France avec Brive, on était suivi par Eurosport et Jean-Luc Arribart, qui connaissait très bien Henri Legarda et le MUC 72. Jean-Luc avait conseillé à Mr Legarda de me recruter et le courant est tout de suite passé entre nous. C’était une première qu’un président de club qui veut monter en Ligue 1 nomme un entraineur amateur venu d’une autre région… un pari risqué à l’époque !
Il parait que vous avez un peu bouleversé les habitudes du club avec notamment des footings à 6h du matin…
Lol…. Ça c’est pour la légende…. Cela a dû arriver quelques fois… Non au contraire j’avais souhaité m’immerger dans le paysage sans bouleversements… Le club était déjà une mécanique bien huilée avec un staff technique très efficace avec Daniel Jeandupeux et Alain Pascalou, une équipe de grands joueurs qui avaient déjà connu la Ligue 1, et un encadrement administratif très professionnel. Mais j’aimais innover : faire une causerie d’avant match dans le noir (une fois contre Créteil) ou emmener l’équipe au théâtre…
On parlait à l’époque de la méthode Hantz ?
Il n’y avait pas de secret, juste une volonté de mixer rigueur et créativité. Et aussi j’accordais un soin particulier à m’intégrer dans la ville et la région. Pour moi il y avait la dimension sportive, certes essentielle, mais aussi une dimension humaine, avec une attention portée aux supporters, aux sponsors, aux médias, aux politiques locaux…
Sur un plan sportif les résultats sont venus très vite?
En fait je suis arrivé en décembre 2003, mais j’étais secrètement venu voir un match avant mon arrivée. Quand c’est comme ça on va très vite dans ses choix. J’avais instauré un règlement, confirmé Laurent Bonnart comme capitaine (exemplaire) et les joueurs avaient tout de suite adhérer au projet de jeu, dès ma première séance un 13 décembre. Et comme on avait enchainé 2 victoires en janvier sur le score de 1-0, contre Créteil puis Reims (à chaque fois but de Matsui dans les dernières minutes), la confiance s’était installée. La montée est venue assez naturellement sur une victoire à Niort je crois.
Et votre début de saison 2005-2006 en L1 avait été fracassant…
Après 7 journées on était 2ème au classement derrière Lyon ! On avait notamment battu Rennes 4-0 à Bollée. Ces bons résultats s’expliquaient par le respect de nos 3 priorités qui s’étaient révélées payantes à l’inter-saison : d’abord conserver nos meilleurs joueurs, ensuite recruter des renforts solides, et enfin intégrer des jeunes qui venaient de remporter la Coupe Gambardella! Pour le recrutement Alain et Daniel avaient fait fort : Marco Basa, Tulio de Melo, Romaric, Bangoura… Quant aux jeunes, nous avions intégré Guillaume Loriot et Mathieu Coutadeur. Nous avions aussi nommé Arnaud Cormier au poste d’adjoint. Mais la priorité restait le maintien… Et nous avions terminé 10ème ou 12ème je ne sais plus entre les saisons 2005-2006 et 2006-2007.
Avec le recul, quelles sont les recettes du succès d’un petit club au haut niveau ?
Beaucoup de travail et du travail de qualité, comme dans les entreprises. Chaque club a une histoire, des valeurs, et donc il convient d’instaurer des recettes qui correspondent à la culture locale. Au Mans, l’une des recettes c’est la formation et le travail de fourmi pour dénicher les talents… Alain Pascalou et Daniel Jeandupeux étaient à ce titre des recruteurs exceptionnels. La chance du Mans est que de cette belle Histoire est née un stade magnifique, que peu de clubs de Ligue 2 ont… Toute l’énergie dépensée par Henri Legarda à l’époque pour le construire paiera un jour ou l’autre, et la ferveur ne tardera pas à revenir. La nomination de Réginald Ray a été un bon choix car il a aussi une Histoire avec le club et la région. Il faut juste un peu de patience.