Journée découverte du métier de maroquinier

CHRISTELLE MORANÇAIS AU CŒUR DE LA BATAILLE POUR L’EMPLOI

La Région des Pays de la Loire s’est dotée avec l’État et les partenaires sociaux d’une Stratégie régionale de l’emploi, de la formation et de l’orientation professionnelles (SREFOP) qui pose le principe d’une organisation territoriale simplifiée et unifiée des politiques d’emploi, de formation et d’orientation professionnelles. Cette stratégie s’accompagne du Plan de bataille pour l’Emploi, du Plan régional pour une orientation tout au long de la vie, ainsi que du Schéma des formations sanitaires et sociales.  Nous ne pouvions pas aborder ce sujet du recrutement et de l’Emploi sans proposer à la Présidente de la région Pays de la Loire de prendre la parole. Et Christelle Morançais a accepté d’emblée de participer à notre Dossier. Il faut en outre rappeler que la Présidente est Mancelle, créatrice de « Meg Agences », et élue à la Présidence de la Région depuis 2017. Nous sommes donc fiers d’avoir interviewé cette élue sarthoise proche du terrain et des préoccupations des ligériens.

Christelle Morançais, présidente du conseil régional

Quelle est la situation de l’emploi en Pays de la Loire et en Sarthe en cette rentrée 2023 ?

Le chômage est plus bas dans la région que dans le reste du pays. Nous sommes même la région de France où le taux de chômage est le plus faible. C’est une force indéniable et le résultat du dynamisme de nos entreprises ! Pour autant, en matière d’emploi, la donne économique a profondément changé, au cours des dernières années : nous sommes passés d’un marché en pénurie d’offres à un marché en pénurie de demandes ; autrement dit de candidats à l’emploi. L’impact négatif sur la capacité de nos entreprises a honoré leurs carnets de commandes est réel. Et tous les secteurs ou presque de l’économie souffrent de cette pénurie, à laquelle la région tente de répondre en déployant des outils conçus pour faciliter la rencontre entre l’employeur et son futur salarié. Reste que tous les dispositifs du monde ne remplaceront jamais l’idée que le travail est une valeur cardinale de la vie individuelle et collective – une valeur qui est aujourd’hui relativisée et parfois même attaquée… C’est un enjeu qui dépasse les seules considérations économiques. 

 Comment les sujets de l’Emploi et du Recrutement s’inscrivent-ils dans les missions de la Région ?

A gros traits, la région consacre un quart de son budget annuel (qui est de 2 milliards d’euros) aux politiques de l’emploi entendues au sens large.

J’ai fixé trois caps prioritaires à mon mandat : l’emploi, l’écologie et la jeunesse. Trois priorités qui sont toutes orientées vers les enjeux du travail et des compétences. Notre objectif est d’atteindre rapidement le plein emploi, c’est-à-dire moins de 4% de chômage, d’offrir à notre jeunesse des perspectives et un avenir professionnel dans nos territoires et de transformer le défi écologique en opportunités, en inventant la croissance et les emplois durables de demain.

Le pire risque face aux mutations – écologique, numérique, intelligence artificielle… – qui sont face à nous, c’est de se renfermer sur soi-même et de ne rien anticiper.  En ce sens, le rôle de la région, tel que je le conçois, est de regarder loin et de préparer l’avenir, notamment sur le sujet de l’emploi qui est au cœur de nos compétences.

Quels sont les dispositifs actuels et futurs mis en place par la Région pour favoriser l’emploi ?

Il faut d’abord rappeler que la région finance la formation des demandeurs d’emploi, soit près de 25 000 personnes par an. Une politique extrêmement coûteuse qui mérite, à l’heure où l’économie manque de main d’œuvre, d’être profondément remaniée. Je n’accepte pas que seuls 64% des personnes que nous formons entrent en emploi au terme de leur formation – et je précise que les Pays de la Loire est la région où le taux d’insertion est le plus fort en France… Je pose une question toute simple : que font les 36% restants, alors que des emplois sont à pourvoir dans tous les secteurs d’activité ? J’ai négocié avec le gouvernement le droit de mener une expérimentation inédite en France : désormais, aucune formation ne sera délivrée si elle ne correspond pas à une offre d’emploi. C’est le besoin d’une entreprise qui déclenche l’ouverture d’une formation. Plus de formations « voie de garage » ou pour bidouiller les statistiques du chômage, mais des formations pour répondre à un besoin effectif, pour apprendre un métier concret, pour en finir une bonne fois avec l’inactivité. C’est un changement de culture assez radical en France !

« Chaque élève de 2nde et de CAP équipé d’un PC portable »

La région intervient-elle au-delà de la formation des demandeurs d’emploi ? 

 Je revendique souvent l’idée que les régions sont les grandes collectivités de la jeunesse. C’est du moins l’ambition de la région des Pays de la Loire. Les emplois et les entreprises de demain, ce sont nos jeunes qui vont les créer ! Et dans un monde en rupture comme le nôtre, la jeunesse est amenée à jouer un rôle absolument majeur.

L’une des compétences majeures de la région, ce sont les lycées – 117 lycées publics à l’échelle régionale. Le rôle de la région se borne, sur le papier, à l’entretien et la rénovation des établissements, mais j’ai voulu aller beaucoup plus loin, à travers notamment cette mesure-phare de notre action : nous équipons chaque élève de 2nde et de CAP d’un ordinateur portable, qui est un vrai outil de formation et un gros coup de pouce pour le pouvoir d’achat des familles. Je vais, également, entamer un cycle de rencontres avec les chefs d’établissement des lycées professionnels, qui doit s’imposer comme la voie d’excellence vers l’emploi. Je veux contribuer, positivement, à redorer l’image de la filière, à adapter les formations aux besoins actuels et à venir de notre économie, à répondre aux attentes légitimes de nos lycéens. 

Je veux, également, que la région continue à se démarquer grâce aux politiques innovantes que nous portons en matière d’orientation. Nous avons lancé, lors du précédent mandat, les « Orientibus » qui apportent l’offre d’orientation au plus près des jeunes. Nous avons réalisé, l’an dernier, la 1ère édition du Big Bang de l’Emploi, qui s’est tenue fin mars au Mans, et qui est un événement qui propose, notamment, de découvrir les métiers d’une façon totalement originale. Et je veux maintenant travailler à une offre de présentation des métiers et des filières totalement dématérialisée et parfaitement adaptée aux codes et aux attentes de notre jeunesse. Nous savons tous que l’orientation est un facteur-clé de la réussite et que trop de jeunes méritants échouent faute d’avoir été correctement guidés.

Comment expliquez-vous les difficultés des entreprises à recruter, surtout dans certains secteurs ?

Les facteurs sont pluriels, et donc complexes à traiter : il y a eu un redémarrage fort de l’économie post-Covid, avec de très nombreux retards à combler, notamment dans le bâtiment ; il y a un manque d’attractivité de certaines filières, lié parfois à des salaires trop faibles – conséquence directe des excès de la fiscalité sur les entreprises ; il y a aussi ce phénomène de « grande démission » que l’on observe un peu partout : le travail n’est plus perçu, notamment pour la jeunesse, comme un facteur aussi structurant de la vie qu’il a pu l’être par la passé.

Quels sont les points d’amélioration que les patrons doivent mettre en place pour mieux recruter la jeune génération ?

Pour avoir été moi-même chef d’entreprise, je me garde toujours de dire à des patrons ce qu’ils ont à faire, et surtout dans un contexte aussi tendu qu’aujourd’hui. Mais je donnerai un exemple : l’industrie est aujourd’hui l’un des secteurs les plus prometteurs – les carrières sont dynamiques, les salaires souvent supérieurs à la moyenne, les enjeux : décarbonation, réindustrialisation, etc., absolument passionnants. Et pourtant c’est une filière qui ne bénéficie pas toujours d’une très bonne image. Il y a beaucoup de fausses idées à casser. Et c’est d’ailleurs un axe fort de notre politique en matière d’orientation. 

(1) Copyright RPDL/ Antoine Monié- Les beaux matins

Bruno Réchard

Bruno Réchard, rédacteur en chef du Petit Sarthois

Journée découverte du métier de maroquinier

Nous suivre

Vous aimez la Sarthe ? Alors vous aimez le Petit Sarthois… Suivez-nous ;-)

PUBLICITÉ