Christophe Salin …la Nature dans son objectif
Journée découverte du métier de maroquinier

CHRISTOPHE SALIN
LA NATURE DANS SON OBJECTIF

la Nature dans son objectif


Il parcourt bois et bocage un téléobjectif sur l’épaule, à l’affut des scénettes de la vie sauvage qui illustrent ses livres. Il communique ses connaissances au travers de stages en petits groupes qu’il donne dans un écrin de verdure, au gîte de la Cassine sur la commune de Rouessé-Vassé près de Sillé-le-Guillaume. Portant un regard lucide sur l’état de notre environnement naturel, cet esthète de la photo nous transmet un message : l’homme a toute sa place au cœur de la Nature pour peu qu’il l’aime et la respecte. Ses photos racontent le plus souvent une histoire… Il était une fois la Nature avec Christophe Salin…

Comment êtes-vous arrivé à ce métier de photographe ?

Je peux le dire aujourd’hui, la photo a été pour moi un énorme pansement sur une période douloureuse de ma vie, puisque l’une de mes sœurs de 22 ans est décédée en 1990. Un ami étudiant au Mans comme moi, Éric Médard (aujourd’hui photographe professionnel en Mayenne) m’a alors proposé de l’accompagner en sortie photo pour me changer les idées. La passion pour la photo Nature a démarré et ne m’a plus jamais quittée. Puis j’ai poursuivi mes études jusqu’au Doctorat en Écologie Biologie. Ma thèse portait sur les insectes associés aux élevages hors-sol (poulaillers, porcs…). Puis un séjour en Belgique en post-doctorat et chaque année au mois de septembre ma « période photo », ma grande passion restant le brame du cerf. Mon rythme de vie annuel gravite autour de la vie du cerf. Le cerf est très mystérieux d’un point de vue biologique : certains évoluent sur un petit périmètre, d’autres parcourt d’énormes distances, sans explications rationnelles, le rendant parfois insaisissable. Et d’un coup il surgit au détour d’un bois, majestueux.

Le cerf est d’ailleurs le sujet de votre plus grand moment de photographe 

Oui c’était à l’occasion d’une Rencontre en 2007 en forêt de Bercé. J’étais posté sur la place de brame… un grand cerf surgit… c’était un 16 cors. Il avait les bois entremêlés de fils barbelés…. Très symbolique de l’impact de l’homme sur la Nature. C’est un animal que j’ai pu revoir l’année suivante, puis espéré revoir pendant des années mais il est mort en 2016 à 16 ans. Et en 2015, j’ai eu la chance de tomber sur sa perte de bois. Les Bois font 4 kilos chacun, la base fait 31 cm. Je regrette un peu de ne pas l’avoir vu vieillir pour voir les bois de ce Grand Cerf ravaler (régresser). Mais un chasseur est passé par là. À 16 ans, c’est déjà beau, cela devait arriver…son avenir reproducteur était déjà derrière lui. Malgré le fait que d’un point de vue technique photo, j’ai sûrement pris des photos plus abouties, cela reste un souvenir de naturaliste très important. C’est ce cliché qui m’a fait connaître dans le milieu de la photographie professionnelle. Je me considère plus comme un naturaliste photographe que comme un photographe.

Comment évolue la population de cervidés en Sarthe ?

Globalement depuis 20 ans on est en diminution, en France tout comme en Sarthe. Aujourd’hui il y a heureusement une stabilisation des effectifs. Sa présence est avérée dans tous les 3 grands massifs forestiers Sarthois : Bercé, Perseigne et Sillé-le-Guillaume. Le chevreuil quant à lui a vu ses effectifs augmenter depuis 30 ans, il évolue sur des biotopes allant du bocage aux forêts. L’avantage du chevreuil est qu’il met bas 2 faons par portée, contrairement à la biche qui ne fait naître qu’un seul faon. La chasse joue son rôle de régulation car il n’y a plus de grand prédateur, et il y a des intérêts humains, donc il faut trouver des compromis. La priorité est que la gestion se fasse durablement.

Vous habitez Sillé-le-Guillaume, au cœur de la Sarthe, comment s’y porte la Nature ?

La Sarthe est un département rural, présentant une faible densité de population. Donc la Nature dispose de grands espaces et n’est pas soumise à la même pression que dans d’autres régions à forte densité. Mais pour conserver notre patrimoine naturel, il faut continuer nos efforts. Notamment sur les modes d’exploitation des propriétés agricoles, on doit changer de modèle pour stopper la dégradation du biotope. Sous couvert de rentabilité économique, il ne faut pas mettre en péril les ressources naturelles, et réfléchir systématiquement en mode développement durable, en ayant une utilisation plus raisonnée des produits chimiques.

Photo primée au festival de Montier-en-Der en 2007. Photo : Christophe Salin
Photo primée au festival de Montier-en-Der en 2007. Photo : Christophe Salin
Quelles sont selon vous les priorités ?

Il faudrait repenser l’aménagement des parcelles agricoles en laissant des zones refuges variées (haies, bandes enherbées, agroforesterie, mares…), favorables à la biodiversité, tout en tenant compte des contraintes de l’exploitation. Ainsi des études ont montré que les aménagements pour les carabes (insectes coléoptères carnivores) exercent une influence positive en agriculture sur une distance de 30 à 50 m. Même constat pour les syrphes (diptère jaune et noir dont la larve se nourrit de pucerons) : les communautés syrphiques sont plus importantes et diversifiées lorsque le milieu est diversifié. Ainsi, les larves exerceront leur contrôle biologique au sein des parcelles agricoles. La disparition des haies est un problème majeur : c’est un brise-vent, il protège contre l’érosion des sols, retient l’eau. La haie a aussi un rôle écologique, de nombreuses espèces y trouvent refuge, se nourrissent, se reproduisent. C’est aussi un réseau de communication, un peu comme des routes ou des chemins pour nous les hommes. Un petit coléoptère ou carabe ne traversera jamais un champ découvert car il présente trop de risques de se faire manger par les prédateurs. Pour passer de l’autre côté, il va suivre la haie. S’il n’y a plus de haies, il n’y a plus de flux géniques car les insectes ne bougent pas : il s’en suit une perte de diversité génétique… Nos plaines agricoles doivent donc systématiquement intégrer des haies. La perte de rendement ne concerne que les 20 mètres de distance aux haies, tandis que l’on constate une hausse des rendements sur les 100 mètres suivants, c’est donc tout bénéfice aussi pour les agriculteurs.

La disparition des haies est un problème majeur dans le bocage sarthois

Christophe Salin
Voyez-vous une évolution des comportements depuis quelques années ?

Les pouvoirs publics ont initié quelques actions positives ces dernières années comme la trame verte du bocage au travers d’un programme de replantation des haies. Il y a aussi le fauchage qui ne passe plus 2 fois : un seul passage au bord des routes, pas le retour du talus en retrait, donc un gain économique et surtout biologique. Il y a aussi la création des espaces naturels sensibles avec une gestion durable du milieu. C’est aussi important que les populations citadines soient sensibilisées.


ZOOM SUR

GÎTE DE LA CASSINE
Situé dans un superbe hameau du XVIIe siècle, le gîte occupe les anciennes écuries, étables et soues de la ferme du château de Vassé. L’environnement naturel y est particulièrement préservé. 
Nous avons installé des observatoires afin de profiter de la beauté et des surprises que nous offre la faune locale, dans le plus grand respect. Martin pêcheur, Bergeronnette des ruisseaux, Verdier, Héron, Pic épeiche et bien d’autres espèces d’oiseaux peuvent être observés sur notre mare ou dans nos observatoires. Sans oublier les écureuils, les chevreuils, les lièvres et autres mammifères qui passent et séjournent dans la prairie. En partant à pieds par les différents sentiers de randonnées, vous pourrez profiter du calme de l’environnement du gîte. Et pourquoi pas visiter le colombier de Vassé qui a été magnifiquement restauré ?
Non loin, vous pourrez également rejoindre la forêt de Sillé-le-Guillaume et son lac. De superbes ballades y sont à faire. Il vous sera également possible de visiter des sites comme Saint Suzanne, Jublains, Saint Céneri le Gerei, Saulges...

Vous êtes deux ? Vous êtes soixante ?
Cinq gîtes avec de nombreuses formules sont proposées : Studio, Maisons (60 couchages) ou Yourte (idéale pour un séjour nature en famille).

Gite de la Cassine

www.gite-la-cassine.com

www.gite-la-cassine.com


Bruno Réchard

Bruno Réchard, rédacteur en chef du Petit Sarthois

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