Journée découverte du métier de maroquinier

LA MONTÉE COMME UN CADEAU DE NOËL… PEYRAMAYOU

Noël Peyramayou, Président
du MUC 72 de 1999 à 2003

Dans l’Histoire du club, et plus particulièrement lors de la première montée en 2003, un personnage a joué un rôle prépondérant dans l’ascension vers l’élite : Noël Peyramayou. Sous son mandat de président, le MUC 72 accède à la Ligue 1 en 2003. Avec un CAP de métallier pour seul bagage, issu d’une famille modeste mais aimante comme il aime à le rappeler, ce personnage à la « Raimu » est devenu patron d’une grande entreprise de 450 salariés (Duval Métalu), puis Président de la CCI de la Sarthe, et ce qui nous intéresse plus particulièrement, président charismatique d’une période bénie dans l’Histoire du club. Noël Peyramayou, lorsqu’il joue  (quelques soient les secteurs) c’est pour marquer !

Comment êtes-vous arrivé à la tête du club en 1999 ?

Je venais de vendre ma boîte à 52 ans, je m’emmerdais un peu pour ne rien vous cacher… Et là j’ai rencontré Jean-Yves Merdrignac qui m’a proposé de reprendre les clés. Le MUC est alors dernier de Ligue 2 et perd 4-0 contre Laval. Encore association sous la loi de 1901, le club doit devenir une société pour cadrer avec les directives du ministère des sports dirigé alors par Marie-Georges Buffet. Avec mon ami Henri Legarda nous décidons que la meilleure solution sera la forme juridique avec directoire et conseil de surveillance. Henri présidera le conseil de surveillance, moi le directoire. Une poignée d’actionnaires mise sur le club. Le club est estimé à l’époque à 750 000 francs, les joueurs n’étant pas à l’Actif et le stade Léon Bollée appartenant à la ville.

Racontez-nous votre politique menée, ayant conduit à cette fameuse année de la montée 3 ans plus tard ?

D’abord je pense que notre entraîneur était l’homme de la situation, Thierry Goudet. Avec Alain Pascalou ils formaient un sacré duo d’entraîneurs. Ils savaient parler aux joueurs. Je me souviens d’un soir de défaite, Thierry demande à tout le monde de sortir du vestiaire sauf les joueurs et le staff, puis il laisse un long silence… Et soudainement il crie « Relevez la tête… c’est pas fini… Maintenant on va travailler… Maintenant vous savez où on doit aller » C’était un Petit Napoléon, un meneur d’homme. Ça démarre là je pense… Le dimanche d’après on gagne et ensuite on enchaîne 80 % de victoires sur les 3 saisons suivantes. Je deviens un demi-dieu aux yeux des supporters, lol… Quant à la politique menée, je laisse le sportif aux entraîneurs. Moi j’interviens en tant que président pour la garantie morale du club, l’état d’esprit général, notamment le fair-play sur le terrain, la motivation collective.

Votre équipe avait d’ailleurs gagné 2 fois le challenge du fair-play je crois ?

Oui cela représentait 150 000 € de mémoire. Et bien une fois payé les cartons, je partageais la somme restante avec l’ensemble des joueurs. J’accordais une grande importance à l’amabilité des joueurs envers les arbitres. Ceux qui n’avaient pas le bon comportement avaient affaire à moi ! Quant aux recrutements, nous faisions avec nos petits moyens, nous avions un des budgets les plus petits de la Ligue 2. Mais en 2002 nous avions récupéré quelques millions avec les transferts de Thomert et Drogba, ce qui nous avait permis d’acheter des joueurs ayant connu la Ligue 1 : Peyrelade, Celdran notamment.

Moment charnière pour la suite…

Oui je vais vous raconter une anecdote de président : la négociation pour Laurent Peyrelade achoppait sur le montant du transfert, mais le joueur avait eu la très grande classe de baisser ses exigences pour que le transfert se fasse. Un grand Monsieur Laurent Peyrelade. Autre anecdote sur les transferts, pour Didier Drogba. Je ne voulais pas le laisser partir car j’étais persuadé en 2002 que Didier allait nous faire monter l’année suivante. Son agent d’alors était Pape Diouf et j’étais allé le rencontrer sur Marseille. Il m’avait reçu avec son costume tiré à 4 épingles et sa grosse voix : « Président, vous avez fait votre travail, Didier a été bien formé au Mans, mais aujourd’hui vous ne pouvez plus lui offrir le périmètre équivalent à son talent, laissez-le donc partir. » Sa classe, son intelligence, son discours m’a séduit et je me suis laissé convaincre. Guy Lacombe l’a récupéré à Guingamp et on connait la suite… Le Muc a quand même touché des sommes à chacun de ses transferts… 

Puis il y a cette fameuse saison 2002-2003 et la montée…

Oui je me souviens que chacun était à sa place. J’étais présent à toutes les mises au vert, au stage d’avant saison, les soirs de matches, mais j’intervenais peu auprès des joueurs, juste pour cautionner Thierry Goudet. Parfois si on loupait une mi-temps j’intervenais juste pour leur dire « Je suis assis en tribune à côté de ceux qui font vos salaires les gars, et vous m’avez fait honte sur cette mi-temps ». L’idée était de bien rappeler les valeurs du club : travail, abnégation, humilité… Avant chaque match j’allais à l’église allumer un cierge. J’ai toujours été très croyant. Quand l’équipe a accédé en Ligue 1 j’avais dit : « Il y a Dieu dans tout ça ! » La suite de la partie sera un triomphe. Mais alors que la ville fête ses nouveaux champions, la forme du club est subitement changée en conseil d’administration, et je suis remercié du jour au lendemain par le nouveau président et les 15 actionnaires. J’en ai voulu terriblement à Henri Legarda à l’époque. Ils m’avaient bien proposé de garder un poste de communicant honorifique, mais moi les strapontins ce n’est pas fait pour moi.

Avez-vous fait la paix aujourd’hui ?

Nous nous sommes appelés récemment par l’intermédiaire de son beau-fils Antoine, et nous avons convenu tous les deux qu’il n’y avait pas eu « mort d’homme », qu’il fallait regarder l’avenir plutôt que de ressasser le passé. À un moment de sa vie, il faut décharger la brouette de ses rancœurs pour être plus souple sur le temps qu’il nous reste à vivre… Maintenant c’est le temps de la réconciliation, mais il convient quand même de ne pas oublier… Et il faut aussi rendre hommage à Henri qui a su mettre une équipe en place de qualité pendant sa présidence. Quant à la dernière période triste du club, il faut aussi avoir en tête que ce « putain de football » ça peut rendre fou… Quand on est en L1 au Mans, on est de toute façon hors sol, avec une pesanteur naturelle qui implique à terme la fatalité de redescendre en L2. 

Et votre avenir alors, des projets ?

Je viens de revendre une seconde fois mon entreprise, mais cette fois à mon fils Grégory. Je n’ai plus de mandat à la CCI. J’en profite pour parfaire ma forme en faisant du marathon… À 75 ans, je suis donc libre pour tout transfert !  (Noël éclate de rire)


DANS LE VISEUR

•Joueur de mon enfance : Daniel Peyramayou (mon frère)

•Joueur actuel : Kylian M’Bappé (très intelligent)

•Président du Passé : Gervais Martel (Lens)

•Président actuel : Nasser Al Rhalaifi (PSG)

•Joueur de l’H du MUC 72 : Régis Beunardeau

•Un match de l’H du MUC 72 : non aucun

•Un entraÎneur du MUC 72 : Thierry Goudet

Bruno Réchard

Bruno Réchard, rédacteur en chef du Petit Sarthois

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