L'ecrin du Buisson

UN SARTHOIS EN LMP2 CHEZ ALPINE : JULIEN CANAL

Julien Canal. Crédits photos : Alpine Elf Team

Il a attrapé le virus des courses à 11 ans sur le circuit de karting Alain Prost Zone Sud du Mans. Les titres se sont enchainés en karting, puis en endurance avec en point d’orgue un titre de champion du monde d’endurance en LMP2 en 2017 sur une Oreca. Après cinq belles saisons avec le Panis Racing, ponctuées par deux 3e places aux 24 Heures du Mans en LMP2 et un titre de vice-champion en European Le Mans Series (ELMS) en 2022, Julien Canal choisit un nouveau défi : la LMP2 avec Signatech Alpine pour la saison 2023 du Championnat du monde d’Endurance (WEC). Le Petit Sarthois vous propose de découvrir un champion local, qui parvient à concilier vie professionnelle avec la gestion de 5 restaurants Mc Donald, et une carrière remarquable de pilote automobile

Racontez-nous vos débuts ?

Je démarre évidemment par le karting à 11 ans, où je découvre ma passion. Là j’ai appris les bases du pilotage : le placement, les techniques de freinage et de dépassement. J’ai monté les échelons en devenant champion de France Junior à 15 ans, puis le circuit international en côtoyant des pilotes chevronnés comme Lewis Hamilton et Nico Rosberg. À 18 ans, bac en poche, je passe en Formule Renault au sein de l’écurie Graff Racing à Tours avec Jean-Philippe Grand. En parallèle je rentre chez Mc Donald au Mans comme équipier. Une vraie école de la vie. Un plaisir aussi de vivre des semaines bien remplies. Ces 4 années passées en formule Renault m’ont permis de me créer un réseau d’amis pilotes comme Simon Pageneau (vainqueur des 500 miles d’Indianapolis) et Franck Pilet (Pilote officiel Porsche). Mais eux s’entraînaient plus que moi, je ne regrette rien car je passe 7 années comme Manager de restaurant Mc Donald au Mans, avant de prendre la direction des 5 restaurants du Mans il y a 10 ans. 

Julien Canal

Et quand démarrez-vous les courses GT ?

À partir de 2007, je m’engage en Porsche Carrera Cup, puis en Championnat de France FFSA GT sur une Corvette Chevrolet Je remporte la course de Spa en 2008, puis Nogaro et Val de Vienne en 2010 avec le team Graff Racing. Puis j’enchaîne Le Mans Series, les 24 h du Mans et le championnat du monde d’endurance FIA. Je ne me rendais pas compte à l’époque mais j’ai vécu une période fabuleuse : victoire aux 24h du Mans dès ma première participation, en LM GT1 sur une Saleen S7-R avec Larbre Compétition. Souvenir extraordinaire… Puis je gagne en 2011, et encore en 2012 en LM GTE Am.

Puis c‘est la catégorie LMP2 et le championnat du monde d’endurance ?

Oui avec cette fameuse année 2017 où nous gagnons le championnat du monde dans la dernière demi-heure de la dernière course. En fait la course au Mans en début de saison s’était mal passée (on finit 6e) et comme les points comptent double au Mans, on devait gagner les 3 dernières courses de la saison pour devenir champions du monde. Et comme parfois dans le sport, il se passe des enchaînements exceptionnels et des victoires au finish… La dernière manche à Bahrein a été le théâtre d’un suspense inouï avec mon coéquipier Bruno Senna qui avait un problème de direction assistée à 30 minutes de la fin, et là il ose éteindre tout le système électrique en pleine course puis rallume la voiture… et tout repart… ce jour-là on gagne la course et le championnat… Quelle fête ce soir-là !!!! On avait une équipe super soudée avec Nicolas Prost, on en rigole encore et ça a créé des liens pour la vie. La beauté du sport !

l’Alpine ELF de Julien Canal

Quelles sont les clés de succès d’un bon pilote ?

Le talent de pilotage bien-sûr… Mais le travail reste primordial. Il faut savoir écouter et observer, analyser ta course avec l’ingénieur datas. À haut niveau, chaque pilote passe une demi-heure à une heure au débriefing avec les ingénieurs pour visualiser tes tours de piste en vidéo : chaque trajectoire, chaque virage est disséqué : freinage, accélération, rapports engagés, comportement de la voiture. Parfois un freinage trop tardif à l’entrée de virage pénalise la vitesse en sortie de virage, et cela on s’en rend compte en comparant chaque tronçon de course avec nos partenaires pilotes. Le haut niveau nécessite d’attacher une importance égale à chaque petit détail. Michael Schumacher en son temps (que j’ai eu la chance de rencontrer sur des pistes de karting) ou Lewis Hamilton aujourd’hui en sont les meilleurs exemples.


ZOOM SUR :

Julien si vous étiez… vous seriez…

Une voiture de tourisme : Une BMX X5 Hybride

Un circuit : Bahreïn

Une portion sur le circuit du Mans : La ligne droite des Hunaudières (j’y passe tous les jours)

Une victoire : Bahreïn 2017, victoire avec Prost et Senna (les fils)

Un endroit que vous aimez au Mans : Le circuit

Un objet de votre voiture : Le baquet

Un mois de l’année : Mars (reprise des courses)

Un pays : L’île Maurice (pour l’accueil)

Bruno Réchard

Bruno Réchard, rédacteur en chef du Petit Sarthois

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