La direction de course aux 24 Heures du Mans est composée d’un directeur d’épreuve, un directeur de course et de deux directeurs de course adjoint. Leur rôle n’est autre que d’assurer le bon déroulement de l’épreuve sur la piste. Nous avons rencontré Stéphane Donnet, un passionné longtemps bénévole, qui supervise les 24H du Mans depuis son PC opérationnel.
Expliquez-nous votre rôle ?
Je suis responsable des moyens de sécurité pour les courses au Mans et du PC opérationnel. Notre équipe salariée est composée de 40 personnes qui travaillent de concert avec notre Directeur de course, Patrick Morisseau, et du patron du WEC, Eduardo Freitas. Me concernant j’ai la gestion du personnel hors WEC : personnel radio, personnel main courante, commissaires… Nous envoyons des messages aux 1 700 commissaires bénévoles via la messagerie téléphonique. Nous avons une équipe de chefs de piste salariés : Alexandre, Julien, Loïc, Sébastien, Maxime. Leur rôle est d’intervenir en cas d’accident. Moi je ne bouge pas du PC – si je quitte le PC, c’est que vraiment c’est très grave. En 20 ans je ne suis parti qu’une fois, remplacé quelques minutes par un collègue…. Pendant les 24H de la course, je ne dors pratiquement pas pendant 24h, sous effet de l’adrénaline je n’y arrive pas. Hors des 24h, je mange, je me douche, j’ai une salle de repos.
Et point de vue technique ?
Notre équipe est composée de nombreux techniciens car l’informatique est omniprésente. Nous avons un mur d’images au PC sécurité en lien avec un grand nombre de caméras positionnées le long des 13 km de circuit. Nos bénévoles sont nos yeux et nos bras sur la piste, nous sommes en lien constant avec eux au travers de trois réseaux radios : un réseau piste extérieure, un réseau piste intérieure + un réseau signaleurs. Tout est codifié pour être compréhensible d’emblée : Bac niveau 1 : voiture repart / Bac niveau 2 : elle y reste. En fonction de chaque situation on avise les commissaires : slow zone, safety-car, lancement des VRI (véhicules rapides d’intervention). Ensuite on a Météo France qui nous informe de la météo avec une précision extrême 15 minutes en avance. Ce qui nous permet comme en 2021 de prendre les bonnes décisions. Si on avait lancé le départ en mode classique on aurait eu 4 ou 5 voitures dans le bac dès le Dunlop…. La décision finale pour des choix forts revient à Eduardo Freitas (WEC) et Patrick Morisseau. C’est donc un travail à trois le plus souvent.
Comment se passe la semaine point de vue organisation ?
Mercredi matin : on est là 1h30 avant le début des courses. On met tout en place : Pick up, VRI, dépanneuses, manitous Ensuite c’est l’inspection de pistes puis les essais dont les fameux essais de nuit le jeudi soir avec l’hyperpôle. En parallèle il y a des courses annexes : « road to Le Mans », « Ligier », « Porsche Sprint challenge ». Quand arrive le samedi je fais tout le déroulé du timing à la seconde près. Il n’y a plus de place pour les approximations. L’adrénaline monte puis c’est le départ à 16H et là on ne dort plus pendant 24H ! Je vous avoue qu’après il y a comme une forme de décompression mon corps connait une petite déprime… lol…. Mais on vit pour cela je connais la chance de vivre de ma passion pour les courses automobiles.
Quel a été votre parcours avant d’arriver à ce niveau de responsabilités ?
Amoureux de l’automobile depuis tout petit, je suis rentré commissaire en 1991 comme bénévole et puis en 1999 j’avais envie de davantage de responsabilités. J’ai donc intégré la Direction de course pour mettre en place la main courante informatisée et ensuite j’ai relevé le challenge de la gestion des caméras et du PC course avec Patrick Coutant et Hervé Guillomard. Quand Patrick est parti en retraite en 2013, Vincent Obidil m’a demandé si je voulais rentrer en tant que salarié. Avant 2013, je prenais chaque année des congés de mon poste de cadre administratif dans une entreprise de volets roulants. Et 10 ans plus tard je vivrai le centenaire des 24H du Mans : l’édition qui se prépare sera exceptionnelle, et j’ai la chance de vivre cela de l’intérieur !