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Journée découverte du métier de maroquinier

L’artisanat en Sarthe

Au 31 décembre 2019, l’artisanat en Sarthe comptait 9 2777 entreprises. Les principaux secteurs sont la construction (40%), l’alimentation (10,6%), les soins à la personne (10,4%) et l’artisanat de production (10,3%). L’artisanat est un secteur dynamique puisque 1 250 entreprises ont été inscrites au CFE en 2019, contre 679 radiations (source CMA Sarthe). Depuis dix ans, l’artisanat a subi des soubresauts, son visage a changé, à l’image de la société. Ces mouvements esquissent aussi les tendances de demain. Quels sont-ils et que nous enseignent-ils ? Le Petit Sarthois vous propose un tour d’horizon d’une branche essentielle à l’économie de notre société, la proximité étant une valeur primordiale, encore plus en ces temps de crise sanitaire.

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Dossier Réalisé par Bruno Réchard

Un changement total du paysage du travail indépendant

Un an après la création du régime micro-entrepreneur, il y avait 73 000 “auto-entreprises” artisanales en France (en 2010, Insee). Aujourd’hui, “sur 1250 immatriculations en 2019 en Sarthe, 825 sont des micro-entrepreneurs“, pose Guy Deschoolmeester, président de la Chambre des Métiers de la Sarthe. La part de micro-entrepreneurs dans l’artisanat est ainsi représentative d’un “changement total du paysage du travail indépendant, qui est une tendance de fond. Les artisans sont attirés par la simplification administrative et le paiement des charges au mois le mois. En outre, si l’apprentissage a le vent en poupe, Guy Deschoolmeester, rappelle que “les micro-entrepreneurs n’embauchent pas d’apprentis”. Ce qui fragilise l’emploi et la transmission des savoir-faire, notions chères aux Français.

Les secteurs qui progressent le plus en Sarthe (selon les chiffres de la CMA Sarthe) sont les Services (+221 entre créations et radiations en 2019), la fabrication (+159) et le bâtiment (+151). L’alimentation progresse, mais à une moindre mesure (+40).

La progression forte des services s’explique par l’essor de la démographie des seniors, entrainant dans son sillage le développement de toute l’économie « Silver », terme utilisé pour l’activité créée pour cette classe d’âge.

 

Des centres de formation performants

L’alternance a le vent en poupe dans l’Hexagone. Selon les chiffres publiés par le ministère du Travail en septembre 2019, plus de 458 000 jeunes étaient en apprentissage au cours du premier semestre 2019. Une hausse de 8,4% par rapport à la même période de 2018, elle-même en progression de 7,4% par rapport à 2017. On dénombre 45% d’élèves de 3e de plus ayant choisi la voie de l’apprentissage. Les services du ministère ont également enregistré 554 demandes de création de nouveaux centres de formation d’apprentis (CFA), dont 61 émanant d’entreprises, comme Schneider Electric, Arc International, ou Safran. De quoi augmenter le nombre de ces établissements, dans le meilleur des cas, de 50% sur le territoire. En Sarthe, le nombre d’apprentis dans l’artisanat était de 1 918 élèves en 2018 (+ 5%), dont 39% se forment à un niveau bac et plus. « 80% de nos élèves trouvent un CDD de plus de 6 mois ou un CDI en sortant de notre établissement » précise Séverine Blanquez, Directrice de l’URMA Sarthe située au mans, quartier de la Californie.

 

Crise… et reprise… et re crise….

En 2017, 30% des entreprises de plus de trois ans se disaient en situation financière difficile, contre 21% en 2013 (ISM). En 2018, c’est la crise des Gilets jaunes qui a, selon CMA France, impacté un artisan sur deux.

Après un relatif tassement entre 2015 et 2017, le nombre de créations d’entreprises artisanales a néanmoins repris le chemin de la hausse en 2018 (177.500 entreprises, +14% par rapport à 2017). Et ce dans tous les secteurs. Le frémissement est léger, mais l’année 2018 a aussi été marquée par une hausse du chiffre d’affaires (CA) des entreprises artisanales (+2%, portée par le BTP), qui se maintient en 2019 (baromètre U2P/I+C). Le CA réalisé par les micro-entreprises a bondi en 2018 (+24,9%), ce qui est le pur effet de la hausse des seuils (doublement des seuils de chiffre d’affaires de 2018). Car, avant 2018, le revenu annuel moyen des micro-entrepreneurs est quatre à cinq fois moins élevé que celui des indépendants du régime classique (ISM). Mais cette bonne conjoncture récente a pris de plein fouet la crise du Covid-19, fragilisant encore davantage ces micro-entreprises.

 

L’emploi salarié en berne

Le tissu entrepreneurial est donc fragile, les entreprises sont de plus en plus petites. En 2018, 61% des entreprises artisanales n’ont pas de salarié (contre 43% en 2000, ISM). Globalement, le coût du recrutement du premier salarié est considéré comme trop élevé et les entrepreneurs reculent avant de franchir ce pas. Seules 5% des entreprises créées emploient des salariés lors du démarrage de l’activité (contre 20% en 2007, selon l’Insee). On touche là aux limites de la micro-entreprise. Dans le bâtiment par exemple, pour accéder aux marchés de la rénovation énergétique, notamment aux marchés publics, il faut être une entreprise structurée.

 

L’artisanat, des valeurs plébiscitées

L’artisanat répond à deux préoccupations sociétales fortes, ce qui envoie des signaux encourageants quant à son évolution future. D’abord, “le regain d’intérêt pour les métiers de la création et le travail de la main“,

Deuxième préoccupation majeure, “les tendances de marché sont favorables à l’artisanat, avec la recherche croissante de produits locaux. La proximité est un critère d’achat fort”, continue Catherine Élie. Deux Français sur trois privilégient en effet la proximité en matière d’alimentation (Crédoc, consommation et modes de vie, mai 2018).

L’artisanat est particulièrement bien implanté, partout en France (depuis 2009, le nombre d’entreprises artisanales ne cesse d’augmenter dans les villes et les campagnes, Insee/ISM). Le tissu artisanal est même plus important dans les campagnes et les quartiers prioritaires de la ville, jouant ainsi le rôle d’amortisseur économique dans les territoires en difficultés. Ce rôle fort des TPE artisanales, moteurs économiques et actrices du lien, est soutenu par le gouvernement. L’artisanat cristallise ainsi les attentes de la société ; souple, proche des gens, humain, il en devient un précieux indicateur.


ZOOM SUR

La note de conjoncture de la CAPEB (juillet 2020)
BAISSE HISTORIQUE DE L’ACTIVITÉ DANS L’ARTISANAT DU BÂTIMENT

Après la chute brutale en fin de premier trimestre (-12 %) occasionnée par les mesures du confinement, l’activité de l’artisanat du bâtiment s’effondre au 2e trimestre avec un recul de 24 % en volume. Les effets du confinement ont perduré au-delà du 11 mai et même si l’activité a pu redémarrer progressivement dès avril, avec notamment la parution du guide OPPBTP, la reprise n’a été que partielle et graduelle. Ainsi, les entreprises artisanales déclarent que leur capacité de production n’est encore qu’à 85 % début juillet (pour rappel à la fin du premier trimestre, 80 % des entreprises de l’artisanat du bâtiment étaient à l’arrêt).

 

La crise du Covid-19 provoque un choc inédit bien supérieur à celui de la crise de 2009. L’ensemble des corps de métiers est affecté par le recul de l’activité. L’aménagement décoration plâtrerie constitue le corps de métier le plus impacté (- 28 % par rapport au second trimestre 2019). À l’inverse, la maçonnerie affiche le recul le moins important (- 19 %). Ce sont en majorité les chantiers en site inoccupé et avec une moindre coactivité qui ont d’abord été réalisés. L’activité commerciale des entreprises ayant été au point mort durant le confinement, les carnets de commandes vont prendre quelques mois avant de se reconstituer, sous réserve toutefois d’absence de deuxième vague et d’une baisse limitée du pouvoir d’achat.

Le recours au chômage partiel a permis aux entreprises de conserver leurs salariés et ainsi de favoriser le redémarrage de l’activité, les entreprises étant soucieuses de pérenniser l’emploi pour le second semestre. Si l’artisanat du bâtiment redémarre, il reste néanmoins freiné par des problèmes d’approvisionnement (pour 31 % des entreprises artisanales), mais aussi par le refus d’une partie de la clientèle privée d’engager des travaux (pour 20 % des entreprises artisanales) et enfin par les difficultés à appliquer le guide de l’OPPBTP (pour 15 % des entreprises artisanales). Ainsi, même si les entreprises déclarent vouloir conserver leurs salariés au second semestre, le choc de la crise du Covid-19 risque d’entrainer une contraction d’au moins 15 % de l’activité et des pertes d’emplois importantes sur l’année 2020. Cette situation sera subordonnée à l’évolution de l’état sanitaire et de l’économie du pays.

CAPEB – Confédération de l’Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment – www.capeb.fr – T 01 53 60 50 00

 

Bruno Réchard

Bruno Réchard, rédacteur en chef du Petit Sarthois

Journée découverte du métier de maroquinier

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