Journée découverte du métier de maroquinier

LE BÂTIMENT SERRE LES DENTS DANS UN CONTEXTE DIFFICILE

Pour le deuxième trimestre consécutif, le volume d’activité des entreprises artisanales du bâtiment recule en Sarthe (-1 %). Les entreprises du bâtiment souffrent d’une forte décroissance de l’activité de construction de logements neufs. L’activité en entretien-amélioration stagne comme au trimestre précédent. Plus inquiétant, les travaux de performance énergétique voient leur rythme de croissance ralentir ce trimestre (-0,5 point) – source Capeb. La faute à une conjonction de facteurs : hausse des coûts des matériaux, de l’énergie, restriction des conditions d’accès aux financements bancaires…  État des lieux du secteur en Sarthe avec les présidents de la Fédération Française du Bâtiment (FFB), Dominique-André Moutiers, et de la CAPEB, Bruno Hatton. Tous les deux étant en outre chefs d’entreprises (respectivement de Rénov’Habitat et des Ets Hatton Père et Fils).

(1)        Données Pôle Emplois – avril 2023

Un marché de la construction neuve tendu

Sans surprise, l’activité de la construction neuve continue à chuter ce trimestre, la baisse du volume d’activité s’intensifiant puisqu’elle passe de -1,5 % au deuxième trimestre 2023 à -3 %. Et la situation ne devrait pas s’améliorer puisque les permis de construire accordés, tout comme les mises en chantier, reculent nettement en Sarthe. Cumulés sur 12 mois à fin juillet 2023, ils enregistraient des diminutions respectives de 23,9% et 16,2 % par rapport à la même période en 2022 (source FFB Sarthe). 

L’activité liée à la rénovation se maintient 

L’activité des entreprises artisanales du bâtiment sur les marchés de la rénovation reste encore correcte en volume mais elle ralentit néanmoins régulièrement de trimestre en trimestre.  « Depuis la rentrée véritablement », précise Dominique-André Moutiers, le président de la FFB 72 (Fédération française du bâtiment de la Sarthe). L’organisation professionnelle représente 550 entreprises sarthoises adhérentes, dont une forte majorité de PME. Et quelque 6 000 salariés, sur les 8 000 environ qui exercent dans le bâtiment en Sarthe. « Le marché de la rénovation pèse aujourd’hui plus lourd que le marché de la construction » précise Dominique-André Moutiers. « Forte demande sur la rénovation énergétique, sur l’amélioration et l’adaptation de l’habitat pour la population qui vieillit, et il faut aussi tenir compte de ces français qui ne déménagent plus du fait de la difficulté d’accès au crédit, ce qui induit de conserver son bien mais en l’améliorant. » 

Bruno Hatton, Président de la CAPEB
Dominique-André Moutiers, Président de la FFB

Les travaux d’amélioration de la performance énergétique des logements perdent du terrain 

C’est une surprise : les travaux d’amélioration de la performance énergétique des logements diminuent ce 3ème trimestre (+ 1,5 % contre + 2 % au deuxième trimestre 2023 en glissement annuel), alors qu’ils devraient exploser au contraire. « C’est la confirmation malheureusement de ce que la CAPEB dénonce depuis plusieurs mois. » indique Bruno Hatton. « La complexité du dispositif actuel est telle, les règles pour bénéficier des aides ne cessant de changer, particuliers et entreprises se détournent de ce marché, pourtant essentiel. Il est difficile de remplir ses papiers, d’avoir les bons documents. C’est quand même assez lourd et ça, ça peut être un frein aussi. Il faut simplifier. » La Capeb avait proposé la mise en place d’un certificat de conformité en fin de travaux, proposition non retenue par les Pouvoirs publics qui, au contraire, font le choix de la rénovation globale dans un modèle économique qui sied parfaitement aux entreprises générales et aux grands opérateurs au détriment des petites entreprises, « C’est-à-dire 97 % des entreprises du bâtiment» précise Bruno Hatton.

Des trésoreries tendues  

Outre des carnets de commande moins remplis (77 jours de travail à venir début octobre, soit 22 jours de moins qu’un an auparavant – source Capeb), les entreprises artisanales du bâtiment font également état d’un besoin croissant en trésorerie. Le solde d’opinion sur la situation de la trésorerie est défavorable (-13 points) en raison de la baisse d’activité et de l’allongement des délais de paiement des clients. 19 % des entreprises sont concernées par des besoins en trésorerie d’un montant moyen de 30 000 euros (contre 22 000 euros il y a un an) source Capeb. Comme le résume bien Bruno Hatton, « En fait, les programmes neufs étaient lancés et ensuite on avait des hausses de prix jusqu’à 40 % sur certains matériaux. Pour les constructeurs, on a un souci face aux engagements, aux prêts bancaires. La problématique c’est qu’on n’a pas pu répercuter les hausses de prix sur les devis qui étaient déjà signés. Cela a impacté nos trésoreries »

L’emploi salarié diminue pour la première fois dans les petites entreprises   

Signe clair d’un ralentissement progressif de l’activité, l’emploi salarié de la construction recule pour la première fois au 1er trimestre 2023 (-0,3 % en glissement annuel – source FFB). Dans l’artisanat du bâtiment, on peut estimer que le niveau d’emploi est resté stable au 2ème trimestre 2023. Mais, comme anticipé, la situation continue de se dégrader cette année et confirme l’hypothèse d’un recul de l’activité des entreprises artisanales du bâtiment au cours de l’année 2024. Cette dégradation risque de s’accentuer sur le marché du neuf, en raison notamment des conditions de financement moins favorables et des coûts de construction plus élevés.la trésorerie est défavorable.

Des marchés adossés au secteur du bâtiment qui performent  

Certains secteurs tirent quand même leur épingle du jeu mentionne Dominique-André Moutiers : « Les nouveaux modes de production d’énergies comme le photovoltaïque et la pompe à chaleur sont en pleine croissance. De même, l’attrait pour l’aménagement des espaces extérieurs (terrasses, jardins, carports, pergolas…) ont le vent en poupe.» Le secteur du bâtiment est donc large mais traverse quand même actuellement une tempête qui va causer quelques dégâts. En conclusion, Dominique-André Moutier met le doigt sur une vraie difficulté : « On va être en pénurie de logements en France et en Sarthe. Moins de logements neufs, une population qui continue de croitre. Il va falloir que tout le monde participe à cet effort de construction. Il faut une vraie politique gouvernementale d’aide au logement. Et accepter de déconstruire pour reconstruire mais il faut faciliter le travail des artisans en centre-ville du Mans. Et il faut que les riverains acceptent les travaux dans les quartiers, et penser aux places de parking pour acheminer les matériaux et les engins. »

Bruno Réchard

Bruno Réchard, rédacteur en chef du Petit Sarthois

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