Journée découverte du métier de maroquinier

LE DOMAINE DE LA ROCHE BLEUE – LE PARADIS DES AMATEURS DE BON VIN À MARÇON

Il y a 3 ans nous avions rencontré un vigneron sarthois brillant : Sébastien Cornille du « Domaine de La Roche Bleue » pour un reportage sur son splendide Jasnières. Je n’avais pas résisté à lui acheter 6 bouteilles de son Côteaux-du-LoirP, un vin rouge, et chaque année depuis 3 ans je débouchais 2 bouteilles. A chaque dégustation j’étais bluffé par la qualité, la personnalité de son vin. Ses bouteilles sont présentes sur les plus belles tables de France, à Matignon et à L’Élysée. Il est exporté au Japon, aux USA à Portland et New York. C’est donc tout naturellement que nous avions envie au Petit Sarthois d’approfondir son savoir-faire et de vous le faire connaitre plus amplement. Nous sommes donc retournés le voir sur ses terres à Marçon, et ce fut encore une fois un plaisir extrême de boire ses paroles, 3 ans après, encore meilleures que 3 ans avant…

L’équipe du Domaine de La Roche Bleue à Marçon : Jeanne, Sébastien et Baptiste.

Un peu d’histoire de ce terroir en sud Sarthe : le fameux Jasnières

« Le Jasnières est, trois fois par siècle, le plus grand vin blanc du monde ! » Ce verdict flatteur fut livré par Curnonsky, référence des critiques gastronomes lors de la première partie du 20ème siècle. Fondateur de l’Académie du Vin de France en 1933, il classait certaines cuvées du terroir sarthois parmi les cinq meilleures de l’Hexagone. Il faut encore le croire et surtout faire mentir un peu Curnonsky car les vignerons du Jasnières produisent ce vin inimitable plus de trois fois par siècle ! La surface revendiquée en appellation « Jasnières » s’étend sur 80 hectares, sur seulement 2 communes en AOC : Lhomme et Ruillé-sur-Loir. Un confetti comparé aux 10 000 hectares de vignes qui recouvraient le département en 1830, et rien que 400 hectares à Marçon (1). Les exploitations s’étalaient dans la Vallée de la Sarthe, à Chemiré-le-Gaudin mais aussi aux alentours de La Flèche (Bazouges). Néanmoins, seuls les vins du Val-de-Loir étaient exportés, notamment en Angleterre et en Hollande. En 1973, à cause de l’exode rural, le Jasnières s’était réduit comme une peau de chagrin. Il était alors confi né sur 11 hectares et menaçait de disparaître… Les bouteilles étaient bues dans les repas de famille mais rarement au-delà de la Sarthe. Mais grâce à la volonté de quelques élus locaux et l’arrivée de nouveaux vignerons (Joël Gigou notamment qui s’installa en 1974) l’appellation, une des plus anciennes de France (1937), fut sauvée avant de connaître un renouveau qualitatif à la fi n des années 80. Aujourd’hui les vignobles représentent environ 25 vignerons sur 200 hectares dont 150 AOC. 2 appellations : le coteaux du Loir (rouge, blanc et rosé) et le fameuxJasnières (blanc).

Sébastien Cornille : histoire d’un viticulteur de Sancerre amoureux d’un terroir sarthois

« Mon père était potier à Sancerre, proche de la terre. La terre, c’est le terroir, la nature. C’est ce à quoi j’ai vite aspiré. J’ai donc fait mes armes dans la vigne, au début de la lutte « raisonnée ». Mais j’ai eu des envies d’ailleurs et je suis donc parti sur l’île de la Réunion pour développer le vignoble, former les producteurs avec un associé… Mais le climat n’étant pas à la hauteur du terroir, j’ai eu envie de revenir. Et particulièrement pour une petite appellation sur un beau terroir de chenin sec. Le Jasnières fut donc une évidence. Et j’ai vite découvert qu’il y avait aussi un superbe cépage de Pineau d’Aunis à développer avec un bon travail de vinification. » Depuis 2007 Sébastien et son équipe produisent en bio 3 vins aux 3 cépages différents : le chenin sur 2,2 hectares à Lhomme (Jasnières), 0,9 hectare de Coteaux du Loir blanc (chenin), 0,5 hectares de gamay rouge et 2,4 hectares de Pineau d’Aunis. Au total, sa production avoisine les 20 000 bouteilles à l’année, sauf les années de gel comme en 2019 et 2021 avec 14 000 bouteilles. Cette année, il approchera les 29 000 bouteilles, car ses vignes ont été épargnées par le gel, et le soleil d’août a été au rendez-vous, après un mois de juillet arrosé qui avait pourtant fait craindre le pire… mais finalement 2023 sera un bon millésime.

Quelques recettes de viticulteur

« Ce que nous voulons au Domaine de la Roche Bleue c’est faire des vins secs et minéraux, mettre en avant la force du terroir : ce tuffeau frais, humide friable donc des racines qui vont se loger en profondeur pour faire vivre la dynamique de la plante. En surface on a cette dégradation calcaire qui amène ce côté fumé avec un petit goût de pierre à fusil. Le secret c’est donc de ne pas donner trop à manger à la vigne en surface, pour l’inciter à aller en profondeur chercher l’humidité, et ramener ce parfum iodé salin du tuffeau. C’est plus long, moins facile, mais à long terme le vin a un goût à nul autre pareil. » Sébastien se focalise sur ce terroir, avec un penchant pour la plante et la terre, qui représente 80% de son travail pour les blancs, quand le travail de vinifi cation ne pèse que 20%. Par contre pour les rouges c’est du 50-50. « Autant pour les blancs le terroir nous apporte un avantage sur les autres appellations de la Loire (travail de la vigne), autant pour les rouges il y a plus de travail une fois les grappes récoltées (vinifi cation, assemblage) et les différences entre les domaines dans un même terroir est importante. » Il faut aussi composer avec le réchauffement climatique nous précise Sébastien. « Mes premières années dans la région nous avions des hivers froids et des printemps doux, mais depuis 2012 on bascule vers une tendance océanique (doux en hiver et gels au printemps) C’est donc plus compliqué, notamment en 2016, 2019 et 2021 où nous avons connu des gels tardifs, à chaque fois une catastrophe… » Ce réchauffement hivernal induit un bourgeonnement précoce et des vendanges avancées d’un mois : « de début octobre on est passé à début septembre ! »

Un réchauffement climatique qui impacte l’organisation :

A cause du réchauffement climatique, il a fallu revoir l’organisation des tâches en hiver. « Nous procédons à la taille des vignes plus tard. Avant nous le faisions l’hiver, et les bourgeons revenaient en avril. Maintenant on fait l’entretien du palissage en hiver (poteaux, fi ls) et on taille en mars avril en 1 mois ó. 30 000 pieds à tailler en respectant certaines règles pour prévenir les maladies, les points de compression… Il nous faut donc beaucoup de personnel qualifi é sur cette période : Jeanne, Baptiste et moi on travaille d’arrache-pied avec des sécateurs électriques. Avril on prépare les sols en laissant un peu d’herbe, ne pas détruire le substrat ni retourner la terre (juste l’aérer), bannir les phytosanitaires et ne faire que du travail mécanique. En mai on aère la vigne, on ébourgeonne, on palisse les vignes. Le but est de laisser le vent circuler pour éviter trop d’humidité et les champignons. Pendant deux mois c’est très intense car la vigne pousse beaucoup. L’été arrive et on laisse faire la nature, après 4 mois de travail déterminant pour la récompense : les vendanges.» A la saison des vendanges, Sébastien, Jeanne et les vendangeurs mangent du raisin toute la journée « Nous goûtons le raisin pour comprendre sa texture du moment et comment en extraire son jus sans trop d’amertume (pour les blancs), trouver le juste équilibre. Les rouges sont plus faciles, on les goûte aussi mais ils vont macérer 15 jours, on peut donc rectifi er ensuite. C’est plus un travail de vigneron quand les blancs c’est davantage un travail de viticulteur. » Puis en septembre octobre c’est le temps de la macération dans les bariques. et les mises en bouteilles de l’année précédante en novembre.

A quand remonte votre expérience d’une vieille bouteille de la région ?

Il y a quelques années ! J’avais eu la chance de partager une bouteille de 1947, originaire de Marçon. On ne sait s’il s’agissait d’un Jasnières ou d’un Coteau-du-Loir mais c’était juste magnifique… On était sur des arômes de miel et truffés. Il était encore « en place » et jeune alors qu’il était très vieux… Je n’ai pas bu d’autres vins pendant une semaine afin de rester sur cette sensation qui m’avait procuré beaucoup d’émotion. Un grand vin, nous avons encore son goût dans la bouche plusieurs jour après l’avoir bu.

Domaine de la Roche Bleue

La roche – 72340 MARÇON

02 43 46 26 0206 27 99 76 74www.domainedelarochebleue.fr

La cave au domaine sera ouverte tous les week-ends de décembre : les jeudis vendredis samedis 10h à 18h Cuvée Spéciale L’Unique et artistes en performance

UNE NOUVELLE MAISON DES VINS EN 2024 POUR LES VITICULTEURS DE JASNIERES ET COTEAUX DU LOIR

Le Groupement Viticole De la Sarthe regroupe l’ensemble des productions : Vins de France, Vins IGP et les AOC. (Jasnières et Coteaux du Loir). Nous avons rencontré Sandrine Pairel, qui s’occupe du GVDS et de l’ODG (Syndicat des producteurs de vins Jasnières et Coteaux du Loir). Sandrine s’apprête à emménager dans une nouvelle Maison du tourisme et du vignoble de la Vallée du Loir. Cette nouvelle vitrine aura pour objectif de développer l’oenotourisme. La surface de production est de 200 hectares sur la région, avec des vins rouges (Pinot d’Aunis), rosés (Pineau d’Aunis) et blancs (Chenin). La zone de production intègre 2 AOC : le Jasnières situé sur 2 communes : Lhomme et Ruillé-sur-Loir, et les coteaux du Loir qui s’étalent quant à eux sur 16 communes, dont une petite partie sur l’Indre-et-Loire. Ces 2 AOC recouvrent environ 150 hectares, les 50 hectares restants concernent des vins de France, IGP. L’ensemble de la production AOC représente entre 350 000 et 400 000 bouteilles, pour 25 exploitations employant environ une centaine de permanents et occasionnels. En décembre une dizaine de vignerons ouvriront leurs caves pour les Caves de Noël, vente directe, circuit de DISTRIBUTION privilégié des vins sarthois !

Maison des vins : 11 place de la République, La Chartre sur le Loir

L’abus d’alcool est dangereux pour la santé.

Bruno Réchard

Bruno Réchard, rédacteur en chef du Petit Sarthois

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