Dominique Chauvelier, c’est un demi-siècle dédié à la plus vieille activité physique de l’homme : « La course à pied a fait l’homme que je suis ». Cet homme est entraîneur, président de club, consultant, animateur de courses et même inventeur des meneurs d’allure en 1998 ! Le plus célèbre des marathoniens français et… sarthois revient sur sa formidable carrière et livre de précieux conseils au grand peuple des runners.
Sur… l’explosion du running
500 coureurs réguliers en France en 1979, 13 millions en 2020… la course à pied connaît un succès vertigineux. Accessible à tous, gratuite, elle répond aussi aux injonctions de l’époque (dépassement de soi, quête du bien-être…) mais aussi aux besoins physiologiques des bipèdes ! « On peut courir partout, à n’importe quel moment . C’est aussi un des rares sports où on compte autant de pratiquants hommes que femmes. Nos vies, nos emplois sont de plus en plus sédentaires et la course à pied est le moyen le plus simple de s’activer un peu. Courir est bon pour le cardio, le cholestérol mais aussi pour la confiance en soi et la socialisation. Car les gens courent aussi pour le plaisir de papoter.
Sur… les apprentis joggers
Avant de se lancer dans le running, il y a quelques règles à suivre… « Avant toute première sortie, je conseille aux débutants adultes de consulter leur médecin pour voir s’ils n’ont pas de contrariétés physiques, cardiaques ou une surcharge pondérale. Ensuite, acheter une bonne paire de chaussures en fonction de son poids. Pendant le confinement, j’ai vu beaucoup de gens courir en simples baskets ! Enfin, commencer à courir doucement ! Les débutants sont parfois rouges écarlates, écoeurés parce qu’ils veulent aller trop vite . Il faut plutôt courir trois, quatre minutes, s’arrêter puis repartir. A ceux qui veulent progresser, je conseille de passer au « fractionné » afin d’apprivoiser la douleur. Pour commencer : 45 secondes vite, 30 secondes lentement, une dizaine de fois. Et à un moment donné, l’effort deviendra jouissif.
Sur… son club
En 2015, Dominique Chauvelier a créé Run and Freedom . Le club compte 120 runners. « Je m’adresse aux gens qui veulent performer. Une fois par semaine, on fait quinze fois 200 mètres à fond. Le but est de muscler le cœur, avoir une meilleure foulée mais aussi de se challenger gentiment avec son voisin. Souvent, les adhérents arrivent au club avec un temps de 48 minutes pour un dix kilomètres et parviennent ensuite à le courir en 42 ou 43. L’objectif, c’est aussi le partage. On est content aussi de boire un coup sur le parking ! »
Sur… le marathon
Quadruple Champion de France (1981, 90, 91, 93). Son record est de 2’11 en 1989. Deuxième du marathon de New York l’an passé chez les plus de 60 ans, il est encore un des meilleurs spécialistes du Monde dans sa catégorie. Une expertise qu’il met au service d’entreprises qui challengent leurs salariés pour accomplir cette course unique. « Le marathon est avant tout un défi, qui, pour tous, se termine à la volonté. Si elle était facile, cette course ne serait pas mythique. Mais n’importe qui, en bonne santé, peut le réussir avec un entraînement et une alimentation adaptés, ainsi qu’un régime glucidique les trois derniers jours. J’ai été missionné par un grand groupe hôtelier pour coacher cent de ses collaborateurs inscrits au marathon de New York. Un an après, tous l’ont terminé, même ceux qui avaient un peu d’embonpoint. Idem en 1993, avec des handicapés accompagnés par des éducateurs. C’était d’ailleurs émouvant… Personnellement, je me bagarre désormais pour faire trois heures au marathon. Cela fait trois quarts d’heure de plus qu’autrefois. Le Graal, c’est New York. A chaque fois, on est comme un gosse tellement cette ville et l’enthousiasme des gens sont extraordinaires.
Sur… sa longévité
64 ans et 52 e licence ! Plus de 240 000 kilomètres parcourus, soit six fois le tour de la Terre en passant par l’URSS, l’Iran du Shah, le Japon… Qu’est-ce qui fait encore courir « Chauchau » ? Une passion sans faille et une carrière interrompue seulement par deux blessures. Son rythme actuel ? Cinq séances de douze ou treize kilomètres par semaine. « Il m’arrive de ressentir une lassitude pendant quelques jours mais il suffit que je me « frite » à l’entraînement avec un petit jeune et ça repart ! Le principal problème à mon âge, c’est la fonte musculaire. Je la freine grâce à de la musculation légère. Mais je ne m’encombre pas avec trop d’injonctions. Je m’autorise des écarts « caloriques ». Il faut garder la notion du plaisir. Certains coureurs mangent trop de graines ! Ce qui me permet de durer également, c’est ce que je ne ressens pas le vieillissement psychologique. Mais si j’arrêtais demain, je deviendrais un peu aigri ! (rire) »
Rodolphe Tréhet
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