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Journée découverte du métier de maroquinier

Fabrice Papin, conservateur restaurateur de mobilier et d’objets d’art

Dossier Réalisé par Bruno Réchard

Ébéniste d’art et élu meilleur ouvrier de France en 2015, Fabrice Papin est spécialisé dans la restauration de meubles anciens. Basé à Champagné, rue des anciennes filatures, il est également formateur en technique sous vide pour la conservation (a formé entre autres le Mobilier National). Il est aussi formateur au Greta des Arts Appliqués de l’école Boulle de Paris, en conservation restauration et techniques de finition. Rencontre avec un artisan qui révèle les particularités de meubles en marqueterie* et objets d’Art.

Définissez-nous votre métier si particulier…

Faire en sorte que l’objet en bois puisse perdurer dans le temps (conservation) et ne pas le maltraiter historiquement parlant. Par exemple, on nous demande souvent de réaliser des vernis au tampon, technique inventée au milieu du XIXème siècle, sur des meubles XVIIIème : c’est une hérésie d’un point de vue historique, même si d’un point de vue esthétique cela donne une profondeur et permet de révéler la nature du bois. Or nous sommes là pour restaurer certes, mais aussi pour conserver. Il faut privilégier des finitions cirées ou vernies au pinceau, respectant l’esthétique de l’époque mais pouvant être appliquées par des techniques modernes (aérographe). Notre métier réunit toutes les catégories : menuiserie en siège, marqueterie , ébénisterie, vernissage, dorure, tournage… Avec une règle d’or : il faut que les interventions que l’on mène soient réversibles. L’ensemble des travaux peuvent être annotés dans un dossier de restauration, permettant un suivi pour les futurs restaurateurs. À ce titre, le propriétaire du bien en devient alors le conservateur.

Quelle est la formation pour ce métier ?

Pour ma part, j’ai démarré par un CAP-BEP menuisier, poursuivi par un CAP ébéniste, puis un brevet des métiers d’art en ébénisterie, et un brevet de maitrise de menuisier en meuble. J’ai poursuivi par un brevet de maitrise d’ébéniste qui m’a ainsi permis de faire mes armes chez un artisan ébéniste restaurateur, Monsieur Duprat au Mans. Et dernièrement un diplôme universitaire en expertise objets d’art. Il existe aujourd’hui une formation diplômante spécifique aux métiers de la restauration conservation.

Quelles sont les grandes familles dans le mobilier d’Art ?

Au XVIIème siècle, on a commencé à parer les meubles, les habiller avec des bois précieux, sur une structure réalisée avec un bois de meilleur marché (sapin). Il a ainsi fallu rechercher de nouvelles techniques. Le mieux est de raisonner en siècles : le XVIIème c’est pour moi le grand début de la marqueterie avec André Charles Boule, qui a magnifié les marqueteries en laiton et écailles de tortues (mais il n’est pas l’inventeur de la marqueterie). Le XVIIIème siècle est celui des Lumières : on bascule d’un style un peu rigide du siècle précédent, vers quelque chose de plus coloré et mouvementé, avec notamment l’ébéniste Charles Cressent qui a créé le mouvement dit en
 arbalète, jouant avec les courbes et les contre courbes. Le XIXème siècle c’est la maitrise parfaite de l’ébénisterie. Notamment les queues d’aronde (hirondelles) qui sont la plupart du temps magiques d’un point de vue technique. Persier et Fontaine sont les créateurs marquants de cette période car Napoléon leur a demandé de définir le style « Empire », inspiré notamment par la Rome Antique ; le style Napoléon III est quant à lui un pastiche des siècles précédents. Fin XIXème apparait le mouvement remarquable « Art Nouveau », communément appelé style « Nouille », avec l’un de ses plus brillants créateurs, en la personne d’Hector Guimard. Puis au XXème siècles la période « Art Déco » avec Jacques Émile Ruhlman en fer de lance : il a créé des meubles épurés et élégants aux courbes tendues.
Il utilise des essences rares de bois (palissandre de macassare), mais aussi de l’ivoire et du galuchat
(cuir de raie).

Quelles sont les essences de bois utilisées en ébénisterie ?

Il y en a tellement, difficile de toutes les citer… Les essences indigènes : le chêne et le noyer sont les plus connues. Pour le travail de structure, le sapin est communément utilisé. Pour la marqueterie, on utilise essentiellement des bois exotiques : les acajous d’Amérique, le palissandre venu des Indes et le bois de rose et de violette du Brésil ou de Guyane… Mais aujourd’hui on essaye de revenir aux essences indigènes, afin de fournir un travail plus écoresponsable. À ce titre, j’utilise de plus en plus de produits biodégradables ou très faiblement polluants.

* Art de composer un décor avec plusieurs essences de bois précieux, qui va habiller la structure du meuble.

Bruno Réchard

Bruno Réchard, rédacteur en chef du Petit Sarthois

Journée découverte du métier de maroquinier

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