La Sarthe compte 4 500 kilomètres de rivières et 50 plans d’eau d’au moins 1 hectare, elle abrite donc une biodiversité aquatique riche et diversifiée. Nous avons rencontré Cyril Lombardot, Responsable technique à la Fédération Départementale de pêche et de protection des milieux aquatiques.
Technicien expérimenté et passionné de biologie des espèces, il intervient dans les opérations de terrain, le suivi des milieux et des espèces, la contribution technique aux programmes de travaux et, plus généralement, à tout ce qui a trait au domaine technique.
Il nous explique les enjeux de gestion et de protection de ce milieu essentiel à la vie de nos campagnes.
Comment se porte la biodiversité aquatique en Sarthe ?
On ne va pas se mentir, elle connait de grandes difficultés tant sur leurs effectifs que sur la conservation des espèces. Les salmonidés pâtissent de débits en baisse et du réchauffement des eaux (truites), les anguilles souffrent d’une multitude d’obstacles pour remonter nos rivières pour se reproduire, les écrevisses à pattes blanches sont dépassées par des espèces d’écrevisses invasives (américaines).
Y a-t-il des cours d’eau qui s’en tirent mieux que d’autres ?
Certains cours d’eau s’en tirent bien : le Tusson, le Merdereau, l’Orthe… D’autres se portent moins bien comme la Vègre, l’Huisne ou la Sarthe aval. Le réchauffement climatique et la sécheresse entraine une baisse des débits d’eau comme sur l’Huisne. Les têtes de bassin s’assèchent et les nappes phréatiques, qui alimentent certains cours d’eau l’été, ne jouent plus ce rôle par manque de pluie. Il y a aussi un problème de qualité d’eau avec une pollution passive… Il est urgent de mettre en place une politique de sobriété sur l’utilisation de l’eau, en diminuant drastiquement nos rejets domestiques car la baisse des débits des cours d’eau les rend encore moins à même de digérer nos rejets. Et la biodiversité aquatique est impactée directement, tout comme les insectes et les invertébrés.
Peut-on quand même évoquer de bonnes nouvelles ?
Oui les populations de cyprinidés (ou poissons blancs) se portent plutôt bien. De même il reste de nombreux endroits où les populations de brochets ne baissent pas trop. De même les carpes, les perches et les sandres s’en tirent encore bien. Et bonne nouvelle : la loutre continue de remonter les cours d’eau vers le nord, en étant arrivée par le sud et la Loire et son affluent la Sarthe. Il faut dire que la loutre mange des écrevisses, sans être gênée par leur accent américain… De même le castor d’Europe (à ne pas confondre avec le castor américain) recolonise nos milieux, sans avoir l’impact de bâtisseur de son cousin d’outre atlantique, en tout cas pas dans les mêmes mesures. Ces deux mamifères aquatiques sont des espèces autochtones, donc favorables à la bonne santé des écosystèmes. Contrairement aux ragondins qui sont invasifs et venus d’ailleurs.
Les médias parlent beaucoup des effets négatifs du Silure, qu’en est-il ?
IL faut savoir que le Silure est arrivé en France par le sud puis est remonté par le Rhône, où il vit depuis près d’une centaine d’années. Comme toute espèce invasive, au début il fait sa place et augmente rapidement ses effectifs, mais il semble qu’aujourd’hui il ne prolifère plus. Certains pêcheurs le diabolisent, d’autres l’aime pour son attrait sportif, moi je pense qu’il faut rester mesurer et ne pas le voir comme un monstre qui détruit tout… Restons néanmoins vigilants sur son évolution.
La Fédération pour la pêche et la protection des milieux aquatiques
Le site des Rouanneraies, propriété de la Fédération de la Sarthe pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique, est un écrin de nature niché à quelques kilomètres du Mans sur la commune de Fillé-sur-Sarthe. C’est aussi le site où la Fédération a établi son siège et où elle vous propose de découvrir 2 plans d’eau, de 8 et 13 ha, qui offrent des conditions de pêche optimales pour taquiner carpes, carnassiers et poissons blancs. C’est aussi un site d’animation et d’éducation à l’environnement, à la préservation de l’eau et des milieux aquatiques. Nous y avons rencontré un groupe d’enfants qui avaient aidé Enguerran Rossi à pêcher une carpe de 14 kilos –.