Cette dernière période de printemps est un moment idéal pour observer les oiseaux qui nous entourent. Qui n’a pas eu un nid dans un endroit insolite de sa maison : store, cheminée, boite aux lettres, puit…. Malheureusement, les oiseaux des campagnes françaises disparaissent à une vitesse vertigineuse. En moyenne, leurs populations se sont réduites d’un tiers en 15 ans dans les Pays-de-la-Loire. Nous avons rencontré Jacky Melocco, Président de la Ligue de Protection des Oiseaux Sarthe, qui nous parle de ces oiseaux extraordinaires qu’il faut protéger à tout prix.
La Sarthe, département à forte présence d’oiseaux, mais globalement en déclin
On répertorie 578 espèces d’oiseaux en France, et 400 en Sarthe peuvent être observées ! L’espèce la plus observée en Sarthe est le Pinson des arbres (forêt sarthoise oblige) et le Merle noir. La LPO mène depuis 1980 des comptages réguliers et publie chaque année des chiffres alarmants sur la chute des populations, avec des variations selon les 3 milieux principaux : milieu forestier (-17,7%), milieu agricole (-56,8%) et milieu citadin (-27,8%). Ce phénomène de disparition massive proche de la catastrophe écologique peut être associé à un effondrement accru de populations d’insectes, provoquant ainsi un problème alimentaire profond pour de nombreuses espèces d’oiseaux…
De fortes disparités entre les espèces
Fort heureusement, les 130 à 140 espèces d’oiseaux nicheurs en Sarthe ne sont pas toutes aussi fortement touchées. En Pays de la Loire, il y en a plus avec les oiseaux marins. Sur les 132 espèces analysées statistiquement par la LPO Pays de la Loire, on observe de fortes disparités selon les espèces : -60% pour le Moineau Friquet, -53% pour le Bruant Jaune, -46% pour le Martinet noir, -22% pour l’alouette des champs ; mais +6% pour la Huppe Fascié ou +100% pour le Pigeon Ramier. Quant au Busard Cendré, qui fait l’objet d’un programme spécial de conservation en partenariat entre la LPO et les agriculteurs céréaliers vers la plaine de Conlie, les actions menées par Bruno Duchêne porte leurs fruits avec 50 oiseaux sauvés des moissonneuses batteuses en 2022 (voir Le Petit Sarthois N°5 p13).
Des gestes citoyens à la portée de tous
Pour le grand public : alterner les zones tondues régulièrement et les zones de hautes herbes : éviter l’entretien intensif et uniforme de son jardin. Maintenir les haies et les bosquets en port naturel. Installer des nichoirs pour les passereaux et autres oiseaux cavicoles. Planter ou favoriser les arbustes à baies et les fruitiers hautes tiges qui fourniront de la nourriture en hiver. Conserver de vieux arbres (ne présentant pas de risque sécuritaire) offrant refuge et nourriture aux oiseaux.
Pour les collectivités locales : favoriser les haies buissonnantes, bosquets, fruitiers à hautes tiges, nichoir, prairie fleurie, abords des bassins de rétention…Ne plus utiliser les produits phytosanitaires à l’exception des produits de biocontrôle. Privilégier les friches naturelles sur les bords de routes et de chemins. Un entretien moins intensif favorise les abris et la nourriture des oiseaux en permettant la production de graines et de fruits. Maintenir ou planter des haies champêtres d’essences locales et de compostions variées.
Pour le monde agricole : maintenir une zone de non traitement (ZNT) le long des cours d’eau et points d’eau. Veiller à ne pas broyer ces zones lors des périodes de nidification entre avril et août. Préserver la richesse spécifique des mares et points d’eau. Conserver les abords des champs de culture avant la récolte. Ces zones de lisières agricoles sont propices aux insectes et aux oiseaux nichant au sol. A noter que la taille des haies agricoles est interdite entre le 1er avril et le 31 juillet. Conserver les arbres à cavités (têtards), les haies champêtres, les arbres isolés…