Nous avons rencontré un amoureux de la Nature qui a très jeune attrapé le virus de la pêche en rivières. Mais pas n’importe quelle pêche, celle qui respecte autant que possible le poisson, lequel est la plupart du temps remis à l’eau. Les anglais parlent de « No Kill » pour exprimer la remise à l’eau dans les meilleures conditions. Damien Vittaz nous explique sa passion pour la pêche à la mouche, et nous dévoile quelques-uns de ses secrets… entre la Sarthe et l’Autriche où il pêche à l’heure où vous lirez ces lignes…
D’où te vient cette passion de la pêche en rivières ?
J’ai toujours été attiré par la Nature et la vie sauvage. Depuis tout petit je rêvais d’être garde forestier à cheval. Je suis venu à la pêche à Juigné-sur-Loire, là où habitait mes parents près d’Angers. Pourtant dans ma famille il n’y avait aucun pêcheur.
A 14 ans, j’ai acheté une canne à pêche et un petit leurre et très vite j’ai pris un brochet de 60 cm environ. Déjà à l’époque bizarrement je l’avais remis à l’eau. Puis progressivement c’est devenu comme une drogue, ainsi tous les week-ends quand j’étais étudiant je me levais tôt pour aller pêcher. Cela m’est arrivé d’aller en cours avec un gros poisson dans le coffre…lol…
Raconte-nous cette technique de la pêche à la mouche ?
C’est mon beau-père, qui pratique cette pêche depuis son plus jeune âge, qui m’a initié. J’avais 20 ans et j’ai tout de suite aimé : c’est une pêche d’observation car il faut proposer aux poissons recherchés l’appât qui est à la surface de l’eau au moment où tu pêches car son alimentation s’adapte à son milieu. Ensuite c’est une pêche avec les pieds dans l’eau car on recherche le bon endroit, il faut poser la mouche sur la bonne veine d’eau. L’idée c’est de poser la mouche le plus délicatement possible, à l’endroit idéal… pour que la truite pense que c’est un insecte… C’est une pêche délicate, mais sportive car s’ensuit un combat où le poisson a toutes ses chances, car la mouche est très fine et donc le poisson peut se libérer sans trop de dégâts dans sa bouche. C’est une pêche complexe qui exige un bon sens de l’observation et de se fondre dans le milieu, en toute discrétion. Et on a le droit qu’à une chance… Il faut poser la soie derrière la tête de la truite, discrètement, et après tu as le bas de ligne qui suit. Si la soie tombe sur la tête de la truite, c’est cuit…. La truite se carapate… Le fil mesure plus de 20 m pour aller poser sa mouche le plus loin possible pour avoir un temps de dérive le plus long, et aussi pour être loin du poisson pour pas qu’il vous voit.
Quelle vision as-tu de la pêche de nos jours ?
Je suis un adepte de ce que les anglo-saxons appellent le « No Kill », dont le principe est de remettre le poisson à l’eau.
On a eu le plaisir du combat et on le rejette en espérant que le poisson grossisse et que quelqu’un ait un jour le plaisir de le reprendre. C’est essentiel que tous nous adoptions cette culture raisonnée de la pêche, si on veut que nos générations futures aient le même plaisir. Si cela n’en tenait qu’à moi, j’augmenterais encore la maille des poissons en danger (taille minimum pour chaque espèce de poisson). Idéalement, il faudrait prélever uniquement lorsqu’on souhaite faire un bon repas, sans abuser. Je conçois la pêche comme un mode de vie, mon plaisir concerne aussi le cadre autour des zones de pêche, lorsqu’il y a une faune et une flore de qualité : les Alpes mancelles sont à ce titre un lieu magique où le degré de pente est suffisant car l’idéal est de pratiquer dans du courant, sans trop de niveau d’eau (40 à 60 cm c’est bien).
Et quels sont tes meilleurs souvenirs de pêcheur ?
A coup sûr les séjours en Autriche, sur des rivières regorgeant de truites sauvages, dans un cadre écologique exceptionnel. Mais ma plus belle prise était un brochet : 1,13 m et 10 kilos à peu près. Le risque est que le fil casse : la technique est de bien gérer le moulinet pour éviter cela…