Le château du Lude est un château privé encore habité, faisant l’objet de tous les soins de Barbara et Louis-Jean de Nicolaÿ, dont la famille l’occupe depuis 260 ans. Nous sommes accueillis par Sophie Kerdraon, charmante jeune femme passionnée d’Histoire, et qui nous conte l’histoire de ce lieu magique, qui dure depuis près de 800 ans. À travers son évolution, on lit les bouleversements qui ont traversé la France, l’histoire de l’art et celle de l’architecture tout au long de ces siècles.
Au départ une forteresse médiévale, puis un château de style Renaissance
Les origines du château remontent au XIIIème siècle, constitué d’un vaste quadrilatère, flanqué de six tours et d’un éperon défensif entourés de douves larges et profondes. Le château sera au cœur des rivalités entre les grands seigneurs féodaux de la région. Au cours de la guerre de Cent ans, il est occupé par les Anglais en 1425, et libéré deux ans plus tard, au terme d’un siège de plusieurs jours par Ambroise de Loré accompagné de Gilles de Rais. En 1457, le château devint la propriété de Jehan de Daillon, chambellan de Louis XI. Ses descendants s’attachèrent à embellir constamment la demeure. Ce fut notamment le cas de Jacques de Daillon, compagnon de François 1er, et de ses successeurs qui confièrent à des artistes italiens le soin de transformer l’austère forteresse médiévale en demeure de plaisance de style « Renaissance Italienne ». La façade sud dite « François 1er », et les tours sont transformées avec l’ouverture de fenêtres à meneaux richement sculptées. Plus tard, c’est la cour d’honneur aux plaques de marbre qui illustre parfaitement la « Renaissance Française » du XVIIème siècle. Dans cette vaste demeure qui reçut en leur temps les visites de Henri IV en 1598 et de Louis XIII en 1619, la lignée des Daillon s’éteignit en 1685.
De la marquise de Vieuville au maire du Lude : René de Talhouët
Le château fut acquis par Joseph Julien Duvelaer, membre de la compagnie des Indes, qui entreprit une restauration complète du château avant de le léguer à sa nièce, la marquise de la Vieuville. À la veille de la Révolution, celle-ci fit construire l’aile orientale vers le Loir dont la façade sobre et dépouillée est un pur exemple du néo-classicisme du XVIIIème siècle. Pendant la Révolution, le château est mis sous séquestre mais la marquise de la Vieuville réussit à en conserver la propriété.
À la mort de la marquise de la Vieuville, le château entra par succession dans la famille de Talhouët à qui l’on doit notamment les transformations de la façade Nord, qui donne sur la ville. De nombreuses restaurations sont entreprises tout au long du XIXème siècle ainsi que des travaux d’embellissement jusqu’à l’aube de la Première Guerre mondiale. Le château restera dans la famille de Talhouët jusqu’au décès de René, Marquis de Talhouët – Roy en 1948, qui aura conservé son mandat de maire du Lude pendant 56 ans.
Barbara de Nicolaÿ et son mari : une passion toute dévouée au château
À partir de ce moment, son petit-fils, René de Nicolaÿ en devient l’héritier, et c’est sous l’impulsion de sa veuve, la comtesse de Nicolaÿ, qu’est créé en 1958 l’un des premiers Son et lumière qui fera la réputation du Lude jusqu’à sa dernière représentation en 1995. Le château est classé Monument historique en 1927, les abords et le parc font l’objet d’une inscription en 1992. À la tête du domaine depuis 1980, Barbara de Nicolaÿ et son mari poursuivent la restauration de ce monument historique qui offre un rare témoignage de six siècles d’architecture à la française. Dans les années 90, le grenier à blé de 350 m2 à l’admirable charpente a subi une importante restauration pour en faire un espace dédié aux expositions. L’orangerie, au cœur du potager, a été restaurée, et en 1997, et de nouveaux jardins s’étendent sur plusieurs terrasses dominant la paisible vallée du Loir. Ils ont été réaménagés et détiennent le label « jardin remarquable » décerné par le Ministère de la Culture. En 2005, Les Nicolaÿ ont concentré leurs efforts sur la muraille de l’ancienne forteresse, ainsi qu’une cheminée du château et notamment sur le fronton du pavillon XVIIème. Cette restauration importante fut récompensée par le prix « French Heritage ». Leurs efforts ont permis de doubler la surface des pièces ouvertes à la visite comme le fameux « studiolo », magnifique et unique exemple de cabinet de peintures à l’italienne dans un château français.
Divers événements culturels et animations touristiques sont organisés au château, comme les Journées gourmandes et la grande fête des Jardinièrs, chaque 1er week-end de juin. Chaque année, 40 000 visiteurs se pressent pour admirer le charme de cette demeure habitée, parfaitement préservée par ses propriétaires qui débordent d’énergie et de passion.