Journée découverte du métier de maroquinier

LES 24 HEURES DU MANS ET LES FEMMES

Odette Siko, 4e en 1932

À ce jour, 64 femmes ont pris le départ de la célèbre course. Si le nombre peut sembler anecdotique, l’épreuve a constitué une étape importante du sport au féminin et particulièrement dans l’automobile. Esquisses de portraits de quelques championnes.

1 930 ; Les pionnières

L’histoire retiendra que l’édition 1930 a vu 2 concurrentes inscrites et en équipage. Leur participation suscite la curiosité de la presse « ce ne sera pas l’un des moindres attraits de l’épreuve », se réjouit l’Auto. L’initiative est l’œuvre de Marguerite Mareuse, sur une Bugatti Type 40 rutilante « bleu de France » n° 25. Elle s’est associée à une certaine Odette Seguin dite « Siko » 31 ans, elles devaient aussi faire leur place dans un environnement masculin et mécanique. « Les deux vaillantes et expertes conductrices, selon L’Ouest-Éclair, ne sont pas venues faire de la figuration ». Et elles vont le prouver de la plus belle des manières, à la 7e place, 1re dans leur catégorie. « Une ovation bien méritée salue leur passage », rapporte l’Auto. Et d’ajouter « l’automobile est le sport dans lequel les femmes peuvent le plus se montrer les égales des hommes ». Bien que disqualifiées l’année suivante, pour ravitaillement anticipé, elles confirment leur potentiel. 1932 constitue une apothéose pour Odette. Elle engage son Alfa Romeo 6C, dont elle partage le volant avec Louis Charavel. dit « Sabipa » 4e du classement général et vainqueur de la catégorie 2 litres. Ce qui constitue encore aujourd’hui le meilleur résultat d’une femme. Pour son ultime tour de piste en 1933, c’est son courage qui forcera l’admiration. Accidentée au 120e tour en percutant un sapin, elle est éjectée avant que la voiture ne prenne feu. Malgré des brûlures aux jambes, elle tente d’éteindre l’incendie et de reprendre la course. En vain. Du côté tricolore, la plus fidèle pendant cette période de l’avant-guerre sera Anne-Cécile Rose-Itier avec 5 participations, Si son palmarès n’est pas équivalent en endurance (12e en 1938), elle mènera toutefois une carrière riche en victoires et en places d’honneur jusqu’en 1953. La période faste est pour les dames, avec la reconnaissance la plus éclatante venue d’outre-Manche. En 1935, elles sont 10 au départ dont 9 Britanniques. L’écurie officielle MG Midget aligne 3 équipages 100 % féminins, lesquels finissent aux 24, 25 et 26e places.

La « Reine de l’endurance » : Anny-Charlotte Verney

En 6e vitesse, arrivons aux années 70, parmi ces grandes dames, Marie-Christine Beaumont et Anny-Charlotte Verney.

Anny-Charlotte Verney,
10 participations aux 24h du Mans
. Crédit photo Pinterest

Si l’on doit à son grand-père parmi d’autres, la création de la grande course d’endurance, c’est la capitale qu’avait choisie initialement la mancelle pour créer une agence de mannequins. Revenue en Sarthe travailler dans l’entreprise familiale de transports, Anny se forme à l’école de conduite du Bugatti sous la houlette de Marcel Millot où elle maîtrisera sa fougue et perfectionnera le freinage. Ses proches découvriront dans la presse son engagement en 1974. 1re des 10 années de participation à la ronde magique. Des moments de vie exceptionnels marqués par la 6e place en 1981, 1 victoire en 1978 catégorie Gt. Le meilleur souvenir restera à bord d’une Porsche 935 à 4 heures du matin, sur la ligne droite des Hunaudières, à 355 km/h. Pour durer, un mental, une condition physique irréprochable et un respect gagné des hommes malgré des intimidations rapidement calmées.

Aujourd’hui et demain, des ambitions affichées

Créé en 2018 par Déborah Mayer, au sein d’une écurie italienne, « Iron Dames » est un projet visant à promouvoir la place de la femme dans le sport automobile des pilotes aux mécaniciennes, ingénieurs et managers. L’autre condition de recrutement posée ; la compétence légitime et respectée, pour servir de modèles. Première écurie 100 % féminine, elle sera présente cette année pour la 5e fois consécutive sur la ligne de départ avec une Porsche 911. À son bord : Rahel Frey, Michelle Gatting et Sarah Bovy à la détermination assumée : « Nous avons prouvé que nous pouvions gagner contre tout le monde. Lentement mais sûrement, nous changeons la mentalité de ce sport. » Un autre exemple significatif est celui de Lilou Wadoux découvrant la course en 2022 avec S. Ogier sur Oreca O7 prenant une part active dans la 9eplace décrochée, en LMP2. Le 29 avril aux 6 H de Spa, elle a signé sur Ferrari une victoire dans la catégorie GT, première depuis l’avènement du championnat du monde d’endurance.

Lilou Wadoux, 1re femme victorieuse à Spa en WEC. Lilou Wadoux, 1re femme victorieuse à Spa en WEC. Crédit photo FIA WEC

Nous avons prouvé que nous
pouvions gagner contre tout le monde. Lentement mais sûrement, nous changeons la mentalité de ce sport

Déborah Mayer

Bruno Réchard

Bruno Réchard, rédacteur en chef du Petit Sarthois

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