Journée découverte du métier de maroquinier

UNE ZONE TOURBEUSE EN FORÊT DE PERSEIGNE

Jérôme Dodier à droite sur la photo

Pour la 3ème fois en 4 ans (quatrième Dossier Nature oblige), nous vous emmenons au nord du département en forêt de Perseigne. Cette merveille écologique bénéficie d’une situation spécifique car ce massif forestier est situé sur les contreforts du massif armoricain, avec un point culminant au belvédère à 340 mètres. Cette situation géographique rend la zone assez fraîche et l’intérêt supplémentaire réside dans la multitude de ruisseaux présents dans la zone, avec des remontées de nappes en certains endroits. Il allait donc de soi qu’une zone tourbeuse point le bout de son nez, c’est pourquoi nous y sommes allés, guidés par Jérôme Dodier, agent patrimonial sur le massif.

Un massif des 5 100 hectares remarquable

La forêt de Perseigne, située à quelques encablures de Mamers, est un des petits paradis de Nature que nous avons la chance de posséder en Sarthe. Un massif vallonné de 5 100 hectares avec à l’ouest une présence de chênes et hêtres majestueux, à l’est des sapins, pins et hêtres. Ce massif regorge d’enjeux de biodiversité liés à ses multiples ruisseaux, dont certaines espèces font l’objet d’arrêtés de protection de biotope : ainsi pour la truite sauvage Fario et pour l’écrevisse à pattes blanches, chassée progressivement par sa cousine américaine. Jérôme Dodier, agent patrimonial à l’ONF, présent depuis 2007 sur le massif, nous explique les principes de cet arrêté préfectoral « Nous ne pouvons plus traverser les cours d’eau avec des engins et avons des kits de franchissement garantissant le respect de la Nature ». La géologie des lieux (grès et schistes) intègre des remontées d’eau en certains endroits et notamment la présence d’une zone tourbeuse, non loin du Belvédère.

Une petite zone tourbeuse découverte en 2005

Lors d’une coupe à blanc datant de 2005, Jérôme Dodier et l’équipe ONF de 8 personnes (4 agents, 4 ouvriers) avaient constaté cette zone d’un hectare où affleurait de l’eau, avec la présence de sphaigne, molinie, et un peu de linaigrette. 

« Il y a 3 ans nous avons voulu étudier plus en détail les espèces présentes et notamment les reptiles. La technique avait consisté en la pose de plaques au sol, car les reptiles aiment leur chaleur en hiver, et leur fraîcheur (en dessous) en été.

Avaient été répertoriées des orvets, lézards, vipères et couleuvres dont la couleuvre d’Esculape qui monte aux arbriceaux. La présence d’eau stagnante est aussi favorisée par la forme en cuvette de ce petit vallon d’un hectare. L’avantage est que même durant la sécheresse de 2020 la zone était restée humide » se souvient Jérôme Dodier, titulaire d’un BTS Gestion Forestière à la MFR Les Forges de La Ferté-Bernard. Il travaille sur la zone adjoint d’un stagiaire, lui aussi en étude à la MFR Les Forges, Arthur Chesnay.

La filière bois propose des métiers d’avenir

Forte de 37 000 emplois directs et indirects en Pays-de-la-Loire, la filière bois est riche d’une belle diversité de savoir-faire (voir Le Petit Sarthois N°21 spécial NATURE & FORÊTS). Jérôme Dodier résume son travail d’agent ONF en 3 grands thèmes. « Il y a la production, ici à Perseigne nous martelons 30 000 m3 de bois tous les ans. C’est une forêt rentable. Ensuite il y a la protection, avec notamment le grand enjeu actuellement avec le réchauffement climatique rendant certaines essences fragiles comme le sapin épicéa… Et troisièmement l’aspect social avec la gestion des promeneurs et l’organisation de la chasse. » Jérôme gère la forêt en proposant les travaux aux ouvriers forestiers, qui sont de nos jours très mécanisés. « Nous organisons la forêt par le dépressage (mise à distance des jeunes plants à 6 mètres), le nettoyage, puis les attributions de lots pour certains professionnels qui vendent du bois de chauffage. Mais l’essentiel de la production part dans l’industrie. »

Quel plus beau métier que de veiller au bien être des arbres. « Le sol fait la hauteur des arbres, mais la lumière fait le diamètre » aime à rappeler Jérôme.

La Sphaigne

La Sphaigne est un genre de mousses de la famille des Sphagnaceae. Les accuulations de sphaignes participe à la foration de la tourbière. La sphaigne joue donc un rôle important dans la Nature car elle stocke l’eau y compris dans les parties mortes des plantes qui continuent à stocker de l’eau à raison de 16 à 26 fois leur poids sec selon l’espèce. La structure cellulaire de la Sphaigne permet une très forte rétention d’eau : un tapis de sphaigne qui pèserait 10 kg à l’état sec peut retenir jusqu’à 720 à 770 litres d’eau. Elles jouent ainsi un rôle de zone tampon (inertie hydrique) diminuant à la fois le risque d’inondation en aval et de sécheresse estivale. Leur évaporation et évapotranspiration rafraîchissent également fortement l’air (durant les canicules notamment). La tourbe de sphaigne ne se désintègre que difficilement en raison de son acidité et des composés phénoliques incorporés dans les parois cellulaires de la mousse, qui empêchent le développement des populations de champignons et bactéries décomposant la matière organique. Sous les tourbières, des conditions anaérobies et acides peuvent se développer, freinant aussi la biodégradation de la matière végétale.

Bruno Réchard

Bruno Réchard, rédacteur en chef du Petit Sarthois

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