L'ecrin du Buisson

VINCENT LORIOT, ARCHITECTE DE LA MAISON MSB

Il n’a pas un passé de joueur de basket, pas de compétences en coach des parquets, et pourtant il est la pierre angulaire de la maison MSB. Vincent Loriot, Directeur Sportif depuis 2012, apporte son pragmatisme et sa science du basket. Décryptage d’une fonction méconnue mais qui se répand dans tous les clubs sportifs professionnels. Hommes de l’ombre chargés de mettre du liant dans les clubs pros, au moment où l’équation se complique, entre équilibre économique et obligation de performance sportive avec comme épée de Damoclès le risque de descente sportive. 

Vincent Loriot, Directeur Sportif du MSB

Comment vous est venu le virus du basket ?

Mon père Franklin m’emmenait à La Rotonde tout petit, il ne ratait pas un match et est toujours abonné aujourd’hui à 77 ans ! J’adorais l’ambiance, mes idoles à la fin des années 70 étaient les frères Beugnot, Hervé Dubuisson, qui avaient été 2 fois champions de France avec le SCM en 78 et 79 ! J’achetais tous les magazines de l’époque, Maxi Basket évidemment, mais aussi les revues espagnoles, italiennes, américaines… Ma chance est que le siège de Maxi Basket, la revue N°1 dans les années 80, était au Mans. Pascal Legendre, son rédacteur en chef m’a recruté et j’ai travaillé 18 ans comme journaliste basket. Quel pied ! Ensuite le magazine a fermé en 2008. J’ai repris mes études, au Centre de Droit et d’Économie du Sport de Limoges, où j’ai obtenu un Master 2. Christophe Le Bouille m’a alors recruté comme Coordinateur Sportif en 2012.

Définissez-nous votre rôle ?

J’essaye de fluidifier les relations entre les services, l’objectif étant de mettre du liant pour obtenir une bonne mayonnaise. Nous n’avons pas la tête dans le guidon, ce qui nous permet d’avoir le recul pour donner un avis, conseiller, et aussi évidemment recruter les joueurs. Nous regardons beaucoup de matches, nous enrichissons une vaste base de données. Nous nous complétons avec Christophe Le Bouille, il me délégue la partie sportive, et nous discutons au quotidien de tout. 

Comment percevez-vous le basket français ?

Il n’a pas la place qu’il mérite dans les médias. Quand on voit comment le rugby français a su faire évoluer son sport en 20 ans… Cela me laisse rêveur… Pourtant le basket a tout pour occuper la place de sport N°2 derrière le foot : des icones comme Wembanyama, un sport pratiqué partout en France, qui plait aux jeunes, des structures solides avec des salles partout en France. Je pense qu’il faut réfléchir au système des ligues fermées, à l’instar des États-Unis. Sécuriser le volet sportif permettrait de rassurer les investisseurs publics et privés. Avec notre système, nous ne prenons pas le risque de mettre nos jeunes joueurs sur le parquet, car l’écart entre une équipe classée #8 et une équipe #15 est infime… Pour moi c’est une question politique qui doit être posée à l’échelon national.

Les basketteurs américains fournissent toujours un gros contingent de la Betclic Élite ?

Je vais chaque année à Portsmouth en Virginie. C’est un camp de prédraft NBA qui clôt l’année universitaire mi-avril. J’y ai vu jouer DeVante’ Jones (MSB, meilleur marqueur du championnat), D’Shawn Schwartz (MSB) par exemple. Le réservoir de joueurs aux États-Unis est énorme. La 1èredivision universitaire (NCAA) américaine regroupe 350 universités avec 4 années de cursus. Il y a 16 joueurs par université et 4 joueurs par équipe sont diplômés chaque année. Il y a donc 4 joueurs X 350 facs, soit 1 400 joueurs qui sortent par an. Or seulement 60 joueurs sont draftés par la NBA. Certains patientent en G-League, les autres tentent l’aventure en Europe. Comme le règlement nous autorise 6 étrangers, nous regardons forcément outre-Atlantique.

Le point fort du MSB réside aussi dans son Centre de Formation…

Le MSB a su être un précurseur. Le grand artisan de cette formation a été Philippe Desnos (jeune retraité). Il a toujours été investi et bienveillant avec les jeunes, donnant une bonne image à l’extérieur, ce qui rassure les familles et les entraineurs des petits clubs où évoluent les jeunes joueurs. En partie grâce à lui notre club est perçu comme structuré, professionnel, et familial. Nous avons la chance de former beaucoup de joueurs qui deviennent professionnels.

Racontez-nous les coulisses de l’éclosion de Yousoupha Fall ?

C’est l’une de nos plus belles réussites avec Nicolas Batum. C’était en juillet 2015 : Bouna Ndiaye (célèbre agent de joueur) téléphone au Président « J’ai un jeune sénégalais géant – c’est déjà un basketteur et j’ai pensé au MSB ». Nous répondons favorablement et Antoine Mathieu (coach espoirs à l’époque, coach adjoint aujourd’hui) part à Dakar pour organiser sa venue. Mais à 17 ans il avait dû attendre sa majorité pour arriver 6 mois plus tard. Il nous a permis de remporter le titre en 2018 et je le considère aujourd’hui comme le meilleur pivot en Europe (ASVEL). C’est quelqu’un qui change le match en attaque comme en défense tellement il polarise l’attention de l’équipe adverse. Il est intimidant. Il joue presque comme si sa vie ou celle de ses proches en dépendait.

Bruno Réchard

Bruno Réchard, rédacteur en chef du Petit Sarthois

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