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Journée découverte du métier de maroquinier

XXè siècle : Pourquoi il faut sauver l’ancienne Autogare

Ar(t)penteur des monuments du département, Le Petit Sarthois poursuit ses pérégrinations au 20 Avenue du Général Leclerc au Mans où se dresse l’ancienne Autogare. Un beau témoignage de l’Art Déco  que la ville du Mans devrait sauver de la décrépitude.

Sa façade en béton armé blanc détonne dans le quartier. Le fronton avec sa grande entrée fait penser à un ancien cinéma hollywoodien. Avec sa tour carrée, les esprits poètes peuvent même imaginer un paquebot en partance pour un long voyage… Quel est donc ce bâtiment, surprise esseulée dominée à sa gauche par l’imposant Hôtel Concordia ? Il s’agit de l’ancienne Autogare du Mans, laquelle a servi jusqu’en 2009 et son transfert Gare Nord.  Le regard des piétons circulant entre le centre-ville et la gare SNCF ne s’y attarde pas. Et pourtant, il s’agit là d’un petit trésor de la période Art Déco (Arts Décoratifs) dont il ne reste plus que 500 m2 sur les 3500 originels depuis que Bouygues a construit une résidence à l’arrière du site, côté rue Auvray.

Pour apprécier le charme du site, il faut faire fi de la malheureuse planche de bois recouvrant l’entrée centrale et se laisser étonner par les lignes claires et géométriques, symptomatiques de ce mouvement architectural des années 20 et 30 qui célébrait la symétrie et la monumentalité de l’âge d’or industriel. Sur la partie supérieure du fronton, une tour centrale carrée se dresse, massive. Elle portait autrefois, sur chacune de ses faces, une horloge et dissimulait en son creux un… réservoir d’eau qui avait pour fonction de refroidir les moteurs des autocars ! Le site est indissociable de l’essor de l’automobile au Mans. Car si le nom de l’architecte est tombé dans les oubliettes, celui de son commanditaire, en 1933, est bien connu des historiens manceaux : Verney. « A l’instar de la famille Bollée et des frères Wright, Verney est un nom qui compte parmi les pionniers manceaux de l’industrie, souligne Patrick Miot, directeur du service Patrimoine et Tourisme de la ville du Mans. Cette famille arrivée au Mans à la fin du 19e siècle (des Côtes d’Or, ndlr) a d’abord exploité 2000 kilomètres de réseaux ferroviaires avant de se convertir dans le transport routier avec la création (en 1933) de la STAO (Société des transports automobiles de l’Ouest). Louis Verney a également participé à la création du premier Grand Prix de France automobile en 1906 puis des 24 heures du Mans. » En 1955, son fils, Jean-Louis François Verney sauva quant à lui l’Autogare en reconstruisant les surfaces ravagées par un incendie.

Une coupole en béton translucide exceptionnelle

Le deuxième élément apportant une valeur patrimoniale au site n’est plus visible. Il l’était depuis le hall d’attente en forme de rotonde. Les voyageurs patientaient sous une coupole en béton translucide de 30 m2. Pavée de verres, elle illuminait la salle des pas perdus. « C’est cette association de béton armé et de dentelle de verre, tout à fait exceptionnelle en France, qui a permis de sauver ce bâtiment, classé depuis une dizaine d’années aux monuments historiques, poursuit Patrick Miot. Il s’agit désormais de lui chercher un avenir, une vocation. Son environnement est hétérogène avec l’Hôtel Concordia, fait de briques, et l’immeuble moderne à son arrière. Une symbiose peut être trouvée car l’Autogare peut s’exprimer par un développement horizontal. Ce site doit continuer à symboliser le flux, l’échange. » Derrière les grands portails en ferronnerie, l’Autogare abrite le parking de l’Hôtel Concordia, propriétaire du lieu. Ne mériterait-il pas une autre forme de résurrection ? Un musée, une galerie d’art plutôt que de futures ruines ? L’Autogare n’est en effet plus entretenue depuis 2009. La pluie s’infiltre à travers à la toiture et poursuit la lente destruction de ce monument historique de la ville.

Rodolphe Tréhet

Bruno Réchard

Bruno Réchard, rédacteur en chef du Petit Sarthois

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