L'ecrin du Buisson

LA BIODIVERSITÉ : LA VRAIE PRIORITÉ DES PROCHAINES ANNÉES

Texte tiré du rapport de juin 2023 de l’OFB : la biodiversité française en déclin – www.ofb.gouv.fr

Ces dix dernières années, l’intérêt des citoyens et leur sensibilité aux enjeux de biodiversité se sont intensifiés. La société dans son ensemble consacre davantage de financements à la protection de la biodiversité. L’effort financier national pour la biodiversité, qui recense l’ensemble des dépenses de l’État, des collectivités, des entreprises et des particuliers affectées à la biodiversité, est passé de 1,9 à 2,6 milliards d’euros par an entre 2009 et 2020 (soit 0,1 % du produit intérieur brut (PIB) français). Malgré des signaux positifs sur le plan sociétal, les principales pressions n’ont pas été réduites significativement en France, et se sont, pour certaines, intensifiées pendant la dernière décennie. Par exemple, les ventes de produits phytosanitaires pour usage agricole ont augmenté́ de 14 % entre la période 2009-2011 et la période 2018-2020, alors qu’elles devaient être divisées par deux (Source www.ofb.gouv.fr). En France comme en Sarthe, la situation reste très préoccupante ou se dégrade. Il faut savoir que 17% des espèces de faune et de flore sont aujourd’hui menacées ou éteintes en France. En Sarthe par exemple, plusieurs espèces de papillons de jour viennent d’être classées en liste rouge par le Conservatoire des Espaces Naturels du Mans (voir page 9). Dans la famille des oiseaux, on ne voit presque plus d’alouettes, de tourterelle des bois ou de chardonnerets élégants (voir p11). Et ce n’est pas le ministère de la transition écologique qui aidera la Biodiversité française en persistant dans sa liste des animaux considérés comme nuisibles, en consultation depuis le 15 juin et jusqu’au 6 juillet (illusion d’un mécanisme délibératif), et qu’il est donc permis de tuer toute l’année ou presque :  la Martre des pins, la Belette, la Fouine, le Renard roux, la Pie bavarde, le Geai des chênes, la Corneille noire, le Corbeau freux et l’Étourneau sansonnet. Une pensée pour eux, trouvons des solutions pour palier leurs dégâts sans devoir les exterminer… 

Une prise en considération progressive des enjeux liés à la biodiversité

Ces dix dernières années, l’intérêt des citoyens et leur sensibilité aux enjeux de biodiversité se sont intensifiés. Le nombre de participants à des programmes de sciences participatives en lien avec la biodiversité a été multiplié par six entre 2011 et 2021, passant de 20 000 à 120 000. Témoins de ces changements, les étudiants suivant une formation initiale en lien avec la biodiversité sont de plus en plus nombreux, passant de 23 300 à 31 000 entre 2010 et 2019.  Ce chiffre est toutefois à mettre en perspective avec le nombre total des étudiants (1,3 millions en 2019).  Il est à noter que le nombre d’emplois favorables à la biodiversité (hors agriculture biologique) n’a que légèrement augmenté entre 2010 et 2020, passant d’environ 37 600 à 49 000. 

Des moyens financiers en hausse

La société dans son ensemble consacre davantage de finance- ments à la protection de la biodiversité. 

L’effort financier national pour la biodiversité, qui recense l’ensemble des dépenses de l’État, des collectivités, des entreprises et des particuliers affectées à la biodiversité, est passé de 1,9 à 2,6 milliards d’euros par an entre 2009 et 2020 (soit 0,1 % du produit intérieur brut (PIB) français).  Ces financements comprennent des actions de gestion des espèces et des espaces, de connaissance ou de réduction des pressions. Une partie est notam- ment utilisée pour acquérir des espaces naturels. 20 000 hectares de zones humides ont été acquis (engagement issu de la loi Grenelle) grâce aux financements des agences de l’eau. Elles ont consacré́ en moyenne 32 millions d’euros par an pour l’acquisition ou la gestion de milieux humides ces dix dernières années. 

Pourtant les pressions persistent, voire s’intensifient…

5 grandes catégories de pressions d’origine humaine menacent la biodiversité2, dans tous les milieux. 

La destruction et la fragmentation des habitats naturels, du fait de la consommation d’espaces naturels pour des opérations d’aménagement du territoire ou de l’exploitation intensive de certains espaces agricoles et forestiers, constituent la menace la plus importante pour la biodiversité.  D’après les indicateurs suivis par l’ONB, elle ne diminue pas. L’artificialisation continue de progresser à un rythme supérieur à celui de l’accroissement de la population. 

Les principaux écosystèmes détruits sont les prairies permanentes en métropole et les forêts de feuillus en outre-mer. Les milieux aquatiques sont aussi touchés par la fragmentation. En 2023, on compte en moyenne 1 obstacle à l’écoulement tous les 4 kilomètres de cours d’eau en métropole.

La pression liée au prélèvement direct des espèces sauvages et les dommages associés touche particulièrement les milieux marins. Même si la situation des stocks de poissons pêchés dans les eaux françaises s’améliore, avec un pourcentage de stocks non surpêchés qui est passé de 46 % à 59 % depuis 20133, elle reste toutefois préoccupante. Le chalutage, technique de pêche dominante, engendre d’autres impacts importants sur les écosystèmes (dégradations des habitats, captures accidentelles…). Les captures accidentelles de dauphins communs (Delphinus delphis) liées aux activités de pêche dans les eaux françaises du golfe de Gascogne mettent ainsi en danger à terme leur population de l’Atlantique Nord-Est. 

Les pollutions, 3e menace pesant sur la biodiversité, impactent l’ensemble des milieux. Elles ont évolué de façon différente selon les milieux et les types de pollution. Dans les cours d’eau, la pollution par les macropolluants (issus des effluents domestiques, agricoles et d’élevage) a légèrement diminué depuis 2010. Dans le même temps, les ventes de produits phytosanitaires pour usage agricole ont augmenté́ de 14 % entre la période 2009-2011 et la période 2018-2020, alors qu’elles devaient être divisées par deux. De nombreux autres types de pollutions (micropolluants émergents,
mais aussi lumineuses, sonores…) peuvent également affecter les écosystèmes et les espèces. 

Le changement climatique est une pression supplémentaire sur le vivant et ses impacts vont s’intensifier dans les prochaines années.  Différents paramètres permettent de décrire le réchauffement climatique en cours. Le nombre annuel de jours de gel a diminué́ de 2,5 jours en moyenne par décennie entre 1961 et 2010 en métropole, soit environ
10 jours en 50 ans. Le changement climatique conduit également à l’intensification des phénomènes météorologiques extrêmes, notamment les épisodes de sécheresse. En métropole, la part des petits cours d’eau asséchés en été tend à s’accroître ces dix dernières années. Au moins un assec a été observé dans 41 % des stations de suivi des petits cours d’eau à l’été 2022 (mai-septembre) ; cette situation a concerné́ 92 départements de métropole, un niveau jamais atteint depuis le début des suivis en 2012. Face à ces effets, de nombreuses espèces sont contraintes de modifier leur aire de répartition (plus au Nord ou plus en altitude) ou d’adapter leurs comportements. Ainsi, au printemps, les oiseaux migrateurs arrivent en France en moyenne 4,7 jours plus tôt en 2022 qu’en 1986. 

Enfin, on observe une augmentation du nombre d’espèces exotiques envahissantes ces 10 dernières années. En moyenne, en métropole, 14 espèces exotiques envahissantes en plus sont dénombrées dans chaque département en 2013-2022 par rapport à la période 2003-2012. Les rivières sarthoises sont particulièrement concernées : voir page 15.

Pour éviter le naufrage d’une 6ème extinction d’espèces, il est urgent de mettre en place une politique révolutionnaire fondée sur l’éthique pour la biodiversité et le climat, sans moralisme ni culpabilisation, mais volontariste au plus haut niveau de l’État et de l’Europe.

Bruno Réchard

Bruno Réchard, rédacteur en chef du Petit Sarthois

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