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VÉHICULES ÉLECTRIQUES : LA GRANDE BASCULE ?

En forte hausse en mars 2022, les ventes de voitures électriques ont représenté 13,5 % du marché, soit à peine 0,8 point de moins que le diesel, qui continue sa dégringolade. Avec 39,1 % de part de marché, l’essence reste en tête malgré une baisse de régime, tandis que GPL et hybride progressent. Sur l’ensemble du premier trimestre 2022, l’électrique atteint 11,9 % de part de marché avec 43 507 immatriculations (+ 42,7 %), contre 16,5 % pour le diesel et ses 60 205 unités (– 44,1 %). Avec 8 481 unités, Tesla domine le marché français de l’électrique sur ce premier quart temps, devant Renault (6 837 unités) et Peugeot (5 197 unités). Tesla Model 3, Dacia Spring et Peugeot e-208 forment le trio gagnant. Selon l’Avere-France, 786 271 voitures électriques et hybrides circulent actuellement sur le sol français. La France est donc en bonne voie pour atteindre son objectif à l’horizon de la fin de l’année 2022, à savoir parvenir à 1 million de véhicules électriques en circulation (600 000 électriques et 400 000 hybrides rechargeables).

Une conjoncture qui dope les ventes des véhicules électriques

Indéniablement, la flambée des prix de l’essence et du gazole a soutenu les ventes de ces véhicules plus onéreux à l’achat mais dont le coût d’utilisation est bien moins coûteux. Aujourd’hui près de la moitié des automobilistes utilisant un véhicule thermique (43%, selon un sondage réalisé par Opinion Way pour Electra) se déclarent prêts à passer à l’électrique.

 

Les aides et subventions actuelles et à venir

En 2021, 115.000 primes à la conversion, pour un budget de 293 millions d’euros, ont été versées par l’État. Par ailleurs, toujours en 2021, 264.000 bonus écologiques, représentant une enveloppe de 1,07 milliards d’euros, ont été accordés. Et le candidat Macron propose une nouvelle idée : le leasing subventionné par l’Etat pour ne pas dépasser 100 € par mois pour une partie des français : professions socio-médicales, les jeunes et les français modestes. Une proposition faite lors de son premier grand discours de campagne le 17 mars à Aubervilliers.

 

Les points de recharge en plein essor

Autre point de satisfaction pour l’Avere-France : la progression du nombre de points de recharge installés en France. On en compte 53 667 à la fin 2021, soit une hausse de +64% sur un an. Si on ajoute les bornes de recharge privées, on estime que ce chiffre atteindrait les 700 000. Les trois régions les mieux dotées en bornes de recharge sont l’Ile-de-France, l’Auvergne-Rhône-Alpes et la Nouvelle-Aquitaine. Pour obtenir plus de détails sur la Sarthe, rendez-vous page 16.

53 667 points de recharge en France à fin 2021

Des évolutions légales favorables

Par ailleurs, l’Avere-France souligne des évolutions réglementaires et législativestrès favorables au développement de la mobilité électrique. Quelques exemples de mesures de fin 2020 et 2021 qui vont dans ce sens :

  • Le renforcement du droit à la prise, qui permet à tout locataire ou propriétaire d’installer à ses frais une prise de recharge sur sa place de parking, en propriété ou copropriété ;
  • En février 2021, deux textes réglementaires ont rendu obligatoire pour les sociétés concessionnaires d’équiper les 440 aires des autoroutes et voies rapides en bornes de recharge d’ici fin 2022 ;
  • Depuis mars 2021, les bâtiments neufs qui ont un parc de stationnement doivent être pré-équipés pour accueillir des bornes de recharge.

Les aides et les primes

En plus de prime à la conversion, vous pouvez recevoir un bonus écologique. Ce dispositif, destiné à inciter à acheter des modèles de véhicules 100 % électriques neufs émettant peu de CO2, a aussi été augmenté en 2020. Le bonus est plafonné à 6 000 € pour les véhicules coûtant moins de 45 000 € et à 2 000 € lorsqu’ils dépassent 45 000 €, location de la batterie incluse7. Attention toutefois, le bonus écologique est limité à 27 % du coût d’acquisition8. Quant à la voiture hybride rechargeable, vous pouvez désormais bénéficier d’un bonus de 2 000 € si elle coûte moins de 50 000 € et émet moins de 50 g/km de CO2. Comme pour la prime à la conversion, il faut conserver votre nouvelle voiture au moins 6 mois ou avoir parcouru au moins 6 000 km, et justifier d’un domicile en France.

La prime à la conversion

Le montant de la prime à l’achat d’une voiture électrique dépend de votre revenu fiscal de référence (RFR)5. Si votre RFR est inférieur à 6 300 € par part, vous pouvez recevoir jusqu’à 80 % du prix d’acquisition du véhicule, dans la limite de 5 000 €. S’il est supérieur à 6 300 €, la prime est de 2 500 €6. Vous pouvez bénéficier du montant maximum de la prime si vous faites plus de 12 000 km par an avec votre véhicule personnel pour votre travail. C’est également le cas si la distance entre votre domicile et votre travail est supérieure à 30 km3.
NB : La prime à la conversion peut aussi être perçue pour l’achat d’une camionnette, d’un deux-roues, d’un tricycle ou quadricycle. La prime sera alors de 80% du prix d’achat dans la limite de 5 000 € selon les conditions d’éligibilité. 

EST-CE INTÉRESSANT FINANCIÈREMENT?

Pour vérifier l’intérêt d’une bascule vers l’électrique, plusieurs points sont à définir : kilomètrage et site de recharge. Partons sur un coût de 1,80 € du litre de carburant et 20 000 km par an. Moyennant une consommation de 7 litres aux 100 km, le coût par kilomètre est de 0,126 €. Si vous rechargez à la maison, le coût de la recharge d’une batterie de 50 kW à 80 % est de 6,80 € (0,17 € / kWh x 40) pour réaliser 250 km, soit un coût de 0,027 € du kilomètre. Par contre, la recharge de votre VE dans une borne de recharge commerciale (Ionity, Tesla…) peut coûter 20 € pour 50 kW et 300 km, soit 0,07 € du km. Le gain au km varie selon la borne de recharge : (0,12€ – 0,027€) ou (0,12€ – 0,07€).

Soit une économie de 0,093 € x 20 000 km = 1 860 €/an (charge chez soi) ou 0,05 € x 20 000 = 1 000 € d’économies/an en charge dans des bornes commerciales.

À cela s’ajoute l’économie de révision et/ou réparation (200 €/an) + l’assurance (env. 100 € / an).

Si l’on considère une durée de vie moyenne de 7 ans, l’électrique permet donc une économie comprise entre 9 000 € et 15 000 €. A vous de voir si le surcoût à l’achat (y compris la borne de recharge renforcée) vient annuler cette économie. 

Gardons aussi à l’esprit l’intérêt écologique des véhicules électriques, certes pas pour les déchets, mais plutôt pour les rejets proches de 0 en gaz à effets de serre, problème N°1 pour l’avenir de la biodiversité et de l’humanité.

CONCLUSION

Faut-il acheter une voiture électrique maintenant ? La réponse dépend en fait de vos habitudes de conduite et de l’endroit où vous rechargez. Si vous vous déplacez régulièrement sur des petits trajets, la voiture électrique deviendra rentable sur le long terme, surtout devant la hausse constante du prix des carburants, et la baisse des prix de vente. Et si vous n’êtes pas encore prêt à échanger votre véhicule thermique pour un modèle 100 % électrique, l’hybride rechargeable se positionne comme une alternative intéressante. Quant à la dimension écologique ?

Bruno Réchard

Bruno Réchard, rédacteur en chef du Petit Sarthois

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