L'ecrin du Buisson

LA FILIÈRE BOIS, UN MATÉRIAU ÉCOLOGIQUE D’AVENIR

Hervé Daviau, Responsable de l’unité territoriale Sarthe Mayenne à l’ONF

Forte de 37 000 emplois directs et indirects en Pays-de-Loire, la filière forêt-bois est riche d’une diversité de savoir-faire. C’est notamment le cas en Sarthe avec la qualité des chênes de Bercé utilisés par les plus grands crus de Bordeaux, de Cognac ou de Bourgogne, pour stocker le vin dans des tonneaux. Nous avons rencontré Hervé Daviau, Responsable de l’unité territoriale Sarthe Mayenne de l’Office National des Forêts, qui nous explique la valeur représentée par nos massifs forestiers sarthois, et les évolutions qu’il a connues depuis 32 ans qu’il œuvre à entretenir les forêts en France. 

Quels sont les missions de l’ONF ?

La Sarthe est le département le plus boisé des Pays-de-Loire (24%). Nos 12 techniciens forestiers présents sur l’unité Sarthe-Mayenne gèrent 3 forêts domaniales (Bercé, Perseigne et Sillé) et 25 forêts de collectivité comme l’Arche de la Nature. Nous rédigeons un plan de gestion (obligatoire pour toute forêt > 25 ha) qui priorise les enjeux entre la biodiversité, la production de bois, les besoins sociaux (chasse, accueil du public, paysage, captage d’eau) et la protection contre les risques naturels (incendies notamment). 

Avez-vous perçu des mutations depuis le début de votre carrière ?

J’ai démarré il y a 32 ans. Alors jeune ingénieur diplômé de l’ENGREF, j’ai pu assister à 4 grandes évolutions : d’abord une meilleure prise en compte de la biodiversité, ensuite une plus grande pression sociétale, troisièmement la mondialisation du marché de la vente de bois et enfin les changements climatiques.

L’intégration croissante du respect de la biodiversité nous a amené à nous adjoindre un réseau d’experts naturalistes qui renforcent les équipes locales pour mieux prendre en compte le fonctionnement des écosystèmes. Ainsi en forêt de Perseigne un programme de bagage des cigognes noires a permis d’y maintenir cette espèce en danger d’extinction. Plus généralement, nous œuvrons à maintenir une trame d’arbres morts ou sénescents dans nos forêts : 491 ha d’îlots de vieillissement ont été protégés en Pays-de-Loire. Le maintien de peuplement très âgés est un élément favorable pour la biodiversité, il faut savoir que 35% des êtres vivants de la forêt sont hébergés par les arbres morts. Deuxième mutation, nous connaissons une fréquentation accrue des forêts depuis 30 ans par le grand public : sportifs, touristes, promeneurs épris de Nature, les forêts intègrent de plus en plus des équipements de loisirs ou des parcours balisés. Il convient donc d’en tenir compte dans nos abatages. 

On assiste à une pénurie de bois actuellement…

L’ONF approvisionne 25% des besoins en bois d’œuvre (charpente, menuiserie…), et tente de stabiliser le marché un peu en pénurie actuellement de par une demande mondiale qui explose… Par ailleurs, la filière a pris l’habitude de fonctionner en stocks à flux tendus. Si cette méthode permet de mieux maitriser sa trésorerie, elle présente ses limites lorsque le marché se tend… Et la ressource est gérée durablement, empêchant en France les abatages massifs liés à une conjoncture particulière.

Constatez-vous par ailleurs des changements climatiques qui impactent votre travail ?

En raison des périodes de sécheresse comme en 20200, nous constatons un dépérissement de nos épicéas qui sont attaqués par des scolytes. Ces insectes, dont la taille varie entre deux et sept millimètres commettent de gros dégâts dans les forêts d’épicéas, En creusant des galeries dans le cambium (une fine couche sous l’écorce) pour y déposer leurs œufs, les femelles condamnent des arbres par milliers. En forêt de Perseigne, nous avons donc décidé de remplacer cette essence par des chênes sessiles présents plus au sud de la France, et par 4 hectares de Séquoias. En sylviculture, il faut se projeter à 150 ans, période avant la récolte…. Et ces deux essences seront à même d’affronter les périodes de moindres pluies qui s’annoncent. Réussir l’adaptation des forêts au changement climatique passe aussi par une variation des modes sylviculture, comme notre concept de “forêt mosaïque”. L’objectif est de renforcer la diversification des essences, par des expérimentations menées dans des îlots d’avenir.

Bruno Réchard

Bruno Réchard, rédacteur en chef du Petit Sarthois

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